Plusieurs voix se sont élevées ce matin contre le projet OPTILAB, qui prévoit une centralisation des analyses médicales d’une majorité des échantillons et des prélèvements de l’ensemble du territoire vers Rimouski, dont celle de Mme Vézina, qui a évoqué une catastrophe économique et humaine pour le Bas-Saint-Laurent : « Nous serons durement touchés par la perte de bons emplois qualifiés et bien rémunérés. C’est non seulement une perte d’expertise et un allongement des délais de traitement des échantillons, c’est aussi des drames humains. »

Sous le coup de l’émotion, celle qui est aussi la présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la santé au Kamouraska – CSN a livré un témoignage poignant : « J’ai choisi il y a 6 ans de m’établir au Kamouraska, j’y gagne j’y dépense mon salaire. Au-delà de mon numéro d’employée, je suis aussi une mère, une épouse, une amie, une technologiste médicale à l’hôpital Notre-Dame de Fatima au Kamouraska. Ma vie est ici. Bientôt je vais me retrouver sans emploi sans possibilité de me replacer dans mon domaine. Monsieur Barrette, vous ne coupez pas des numéros, vous coupez des vies humaines. Vous avez détruit ma profession, un métier que j’adore. Rappelez-vous mon visage, moi aux prochaines élections je vais me rappeler du vôtre. »

« Une manipulation de l’opinion publique »

Le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, a fustigé le ministre et son projet : « OPTILAB, c’est plus que de la manipulation d’échantillon, c’est de la manipulation de l’opinion publique, de la population. Ça veut dire qu’on va centraliser le traitement des échantillons, les ressources humaines, les équipements au profit de qui ? Un échantillon, c’est une bonne nouvelle ou une mauvaise nouvelle qui arrive, mais on veut l’avoir rapidement. On veut de la fiabilité et de la proximité. Ce projet est une mauvaise décision »

M. Bérubé a demandé aux gens de la région de continuer la mobilisation, et aux gens des Basques, du Kamouraska et du Témiscouata, d’appeler leur député (Jean D’amour) pour lui expliquer en quoi OPTILAB est une mauvaise décision pour son milieu.

Harold LeBel, député de Rimouski-Neigette, a fait part de la solidarité des députés au Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie : « On ne peut pas se taire, on ne peut pas laisser passer des situations de coupes comme on vit, entre autres dans le domaine de la santé. Au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie avec Pascal Bérubé, Gaétan Lelièvre à Gaspé, Sylvain Roy à Bonaventure, nous défendons solidairement notre région, car c’est assez le sous-développement dans nos régions et d’un gouvernement qui se fout des régions ! Nous parlons d’une même voix, mais il y a un député un peu plus à l’Ouest, M. Jean D’Amour, il faut le réveiller, il faut qu’il parle à son autre ministre, qui ne comprend rien ! »

Mont-Joli demande au ministre de repositionner sa stratégie

Était présent à la manifestation, le maire suppléant de la Ville de Mont-Joli, Jacques Dumas, qui a affirmé partager les inquiétudes de la CSN quant au déploiement précipité du projet OPTILAB et à la réforme du ministre Barrette, qui se fait sans la consultation du milieu : « Nous questionnons ce projet qui ne semble pas tenir compte des enjeux propres à chaque région. Nous vivons dans une région avec un vaste territoire, où la population est vieillissante. Il y a lieu de s’inquiéter sur le maintien des soins de santé de proximité qui sont déjà affaiblis dans le cadre de la réforme. » Les élus de la Ville de Mont-Joli demandent au ministre Barrette de comprendre les effets néfastes du projet OPTILAB dans la région et de repositionner sa stratégie.

Des élus et des citoyens du Témiscouata, du Kamouraska, des Basques, de Rivière-du-Loup, de Rimouski, de La Mitis, de la Matanie et de la Matapédia. Quelques personnes de Mauricie et de Montérégie étaient également présentes au rassemblement.

Risque de perte d’échantillons

La date d’implantation du projet étant prévue pour le mois d’avril, la CSN exige un moratoire pour pouvoir poursuivre les discussions qui permettront d’évaluer les impacts et de trouver des solutions : « De nombreuses incertitudes subsistent, il semble qu’il y ait des choses très improvisées. Nous sommes inquiets quant aux risques de retard ou même de pertes d’échantillons qui pourraient se produire. En décembre, un colis avec des biopsies prélevées à La Pocatière qui devait être acheminé à Rivière-du-Loup est arrivé une semaine plus tard à destination. Ce genre de risque ne peut qu’augmenter avec ce projet compte tenu du volume d’échantillons qui devront être transportés », explique Nancy Legendre, présidente du conseil central du Bas-Saint-Laurent – CSN du Bas-Saint-Laurent, qui compte 10 000 membres, dont environ 3 500 en santé. « Au-delà de toucher aux clients ou bénéficiaires, cela les travailleurs de chacune des MRC et tous les citoyens également. Il faut que les citoyens se lèvent et disent : ça suffit ! On l’a fait pour les CISSS, on n’a pas été entendu, on l’a fait pour plusieurs projets de loi mais l’enjeu est trop grand. La CSN a annoncé il y a deux ans que le ministre Barrette nous trouverait sur son chemin, nous allons continuer, car il est en train de démolir le système de santé au Québec », déplore Mme Legendre.