12 janvier 2017

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Il y a deux ans, la grippe, dont la souche était de type A H3N2 presque similaire à celle de cette année, avait durement frappé la province : « Le vaccin n’avait pas été très efficace en raison de la mutation du virus. De plus, ce fut une année difficile, car la grippe a commencé avant le temps des Fêtes et s’est rapidement multipliée en raison des rassemblements de familles. Et la saison grippale avait été longue », explique le directeur de la Santé publique au Centre intégré de santé et de services sociaux, le Dr Sylvain Leduc.

Le Dr Sylvain Leduc indique que si le taux d’occupation des salles d’urgence en ce moment est assez élevé, ce n’est pas dû aux cas de grippe, mais à la présence d’une multitude d’autres virus : « La grippe ne fait que débuter. Ce sont des virus de gastro-entérite ou des virus respiratoires, comme les rhumes, bronchites, ou encore le virus respiratoire syncytial (VRS), dont les symptômes ressemblent à ceux de la grippe, qui créent le gros de l’affluence. »

Le directeur recense moins de 20 cas signalés aujourd’hui. « L’activité grippale est considérée comme faible à modérée, donc il n’est pas exclu qu’elle s’accélère, comme à chaque année pour atteindre un pic à la mi-février, aux environs de la Saint-Valentin. »

40 000 doses en vue pour le Bas-Saint-Laurent

La bonne nouvelle cette année, c’est que le vaccin couvre la souche de la grippe A(H3N2) : « On a une efficacité de 40 % à ce stade-ci de la saison, qui devra être réévaluée à la fin de la saison » Le Bas-Saint-Laurent se dirige vers une année approchant les quantités distribuées les deux dernières années, soit près de 40 000 doses. « Elles ne sont pas encore toutes distribuées, même si le gros de la vaccination est terminé. Les personnes qui sont admissibles peuvent encore contacter leur CLSC, il nous reste des doses », précise le directeur.

Le Dr Leduc explique que si le vaccin peut ne pas empêcher la grippe, il peut en diminuer les symptômes et permettre de diminuer les consultations et les hospitalisations. « Le vaccin, qui, il faut le rappeler, ne donne pas la grippe, peut prendre un certain temps avant d’atteindre son efficacité, mais si quelqu’un fait un rhume ou une gastro-entérite au moment du vaccin, cela n’empêche pas son efficacité. »

2014-2015 : une dure saison grippale

Pour la saison 2014-2015, le ministère de la Santé et des Services sociaux a recensé 15 958 cas (confirmés en laboratoire) du virus de la grippe (influenza), dont 60 % étaient de sous-type A(H3N2). L’efficacité vaccinale globale était seulement de 8 %. Toutefois, il n’en a pas toujours été ainsi. En 2013-2014, 8 369 cas ont été confirmés, avec une efficacité du vaccin de 68 %, alors que la souche dominante était A(H1N1). « Dans les 20 dernières années, le vaccin a toujours été efficace, hormis il y a deux ans », précise le Dr Leduc., souligant que la souche A(H3N2) est plus difficile que la souche A(H1N1).

L’influenza n’étant pas une maladie à déclaration obligatoire, tout comme la gastroentérite, le nombre de cas confirmés en laboratoire peut différer d’avec le nombre de cas réels, puisque les cas de personnes  qui ne consultent pas ne sont pas pris en compte.

©Montage

Tableau préparé à partir des données de Sante.gouv.qc.ca

Questions pratiques au Dr Sylvain Leduc

Pourquoi ne pas aller à l’urgence quand on présente des symptômes de grippe ?  

S.L : « Il est rarement pertinent de se rendre à l’urgence en cas de grippe. En premier lieu, il est conseillé d’appeler la ligne Info-santé (811). Les infirmières qui y travaillent et conseillent la population ont une série de questions clés qui permettent de savoir s’il s’agit de grippe ou non. Toutefois, si une personne présente des difficultés respiratoires, ou a une maladie respiratoire chronique, il est certain qu’il ne faut pas traîner »

Comment distinguer grippe et rhume ?

S.L. : « Dans l’imaginaire collectif, tout le monde à la grippe, en réalité il faut présenter de la toux et une fièvre à 38,5 °C au moins, des douleurs musculaires. En général on ne peut pas aller travailler ni aller à l’école. Alors qu’une personne qui est enrhumée, qui se mouche, c’est très désagréable, mais ça n’est pas la grippe. Un rhume, généralement, ne donne pas de fièvre. »

Quoi faire en cas de grippe ?

S.L : « La grippe se soigne à la maison, pour éviter toute propagation du virus. Le virus s’attrape par le contact de personne à personne, il faut se laver les mains et tousser dans son coude, car la transmission de la grippe se fait aussi par gouttelettes »

Attrape-t-on la grippe parce qu’il fait froid ?

S.L :« Non, on ne l’attrape pas parce qu’il fait froid. Toutefois, c’est un virus qui vit mieux au froid et qui vit bien dans les voies respiratoires quand il fait froid. »

Pourquoi le vaccin contre la grippe n’est pas efficace à 90 ou 95 %, contrairement aux vaccins donnés durant l’enfance contre des maladies telles que la rougeole ou la rubéole ?

S.L. : « Pour plusieurs raisons : parce qu’il doit être changé chaque année, parce que le virus change alors que celui de la rougeole non, et parce que le vaccin administre les protéines qui enveloppent le vaccin plutôt que de donner vraiment le virus de la grippe, contrairement à la rougeole, qui est un vaccin vivant atténué. »

Qu’en est-il des médicaments réputés stopper la grippe, communément appelés les « casses-grippe » ?

S.L. : « Ils sont totalement inefficaces. Ils peuvent diminuer certains symptômes désagréables, mais rien n’empêche le virus de faire ce qu’il a à faire. Il faut que le système immunitaire s’en débarrasse. »