15 février 2017

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©Photo gracieuseté

M. Michaud ramassait, bénévolement, des bouteilles, des canettes, mégots de cigarettes, des verres de café, et toutes sortes de déchets laissé par les automobilistes sur le bord des rangs, dans les fossés. « Personne ne m’a demandé de le faire. Un jour mon médecin m’a condamné à deux miles par jour de marche par jour. J’ai commencé à m’installer au pied de la côte « Belle-corne », le 2^e rang qui monte vers Saint-Mathieu. J’ai rempli une chaudière, ça n’a pas été long. Je suis retourné à la maison, j’ai amené d’autres poches. Quand j’ai eu fini, j’ai pris le 3^e rang, puis le 4^e, vers Saint-Eugène, Saint-Mathieu et je suis descendu. J’ai fait tous ces rangs-là. Je les connais comme Barrabas dans la passion ! », se souvient M. Michaud.

L’année dernière, à l’initiative d’un citoyen de Saint-Fabien, Mario Gagnon, la municipalité de Saint-Fabien a décidé d’honorer l’homme pour l’ensemble de son œuvre environnementale et son implication en lui remettant, le 18 février lors de la soirée des bénévoles, un trophée grandement mérité puisqu’il contribuait à l’embellissement des rangs et routes environnantes. « La mairesse, Marnie Perreault, lui a remis en mains propres lors de la soirée des bénévoles à la salle Desjardins de Saint-Fabien », raconte M. Gagnon, qui a fabriqué en plus une médaille pour M. Michaud, faite de 46 bouteilles de liqueurs vide amassées sur le bord du chemin par M. Michaud où on peut lire : 18 février 2016 et « Freddy ».

« Il est allé de Saint-Mathieu à Pointe-au-Père en passant par Saint-Anaclet, quand il résidait à Rimouski. Mais il est resté 15 ans dans le coin de Saint-Fabien. Il s’amenait 10-15 sacs pour un avant-midi. Il faisait deux longueurs de char et il pouvait remplir quatre sacs. Parfois, il n’avait pas assez de place dans son auto, alors il retournait chez lui et recommençait. Des gens luis donnaient des sacs de bouteilles qu’ils avaient chez eux. Tout le monde le connaît », ajoute M. Gagnon, admiratif de son travail bénévole.

Pour des œuvres de charité

M. Michaud démêlait les canettes et les bouteilles, les vendait, et remettait l’argent à des œuvres de charité comme La Ressource d’aide aux personnes handicapées, un organisme qui œuvre dans l’Est-du-Québec. « Je pouvais ramasser pour près de 1 500 $ par année. » En comptant en moyenne 0,10 $ par contenant consigné, cela donne 15 000 contenants ramassés par année, soit une moyenne de 41 contenants par jour.

« Freddy » a dû arrêter ses activités environnementales à 90 ans, il a rendu son permis de conduire. « Cela devenait dangereux pour lui, marcher au bord des routes. La Sureté du Québec l’avait déjà averti, car il garait son auto presque sur la route. Une fois que j’avais vu sa petite Honda noire au bord d’un rang, mais je ne voyais pas M. Michaud. Quand je suis repassé, je l’ai vu et je lui ai demandé d’où il sortait : il rampait dans le tuyau sous-terrain fluvial de 30 pouces et de 50 pieds de large qui traverse la route ! À 90 ans ! Il m’a dit : c’est bien moins dangereux que de marcher sur la route! Je me suis dit que ça n’avait de bon sens, il aurait pu rester pris là-dedans », se rappelle M. Gagnon. « J’en ai fait des coups ! s’amuse M. Michaud. Si j’avais encore mon char, je le ferais encore ! »