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09 mai 2017

Marc Parent – Un porteur d’espoir d’un optimisme permanent !

Le RELAIS POUR LA VIE à Rimouski le 03 juin prochain

©Photo TC Media - Archives

N.D.L.R. : À quelques jours du Relais pour la vie à Rimouski (03 juin 2017), TC Media a rencontré un porteur d’espoir, le maire de Rimouski, Marc Parent, 56 ans, qui en 2006, a été porteur d’un cancer.

Nous vous offrons aujourd’hui l’entrevue complète que nous accordait – non pas comme étant le maire de Rimouski – un porteur d’espoir, dont le nombre ne cesse d’augmenter, considérant les progrès dans les recherches sur divers cancers. Voici cette entrevue, questions et réponses.

TCM - Marc Parent… Membre de la famille du cancer. Vous pouvez me dire quand, et le type de cancer ?

MP.- En 2006, je me suis vu offrir un nouvel emploi au ministère de la Sécurité publique fédérale. J’ai donc décidé de prendre ma retraite de la GRC. Chez cet organisme, il y a beaucoup de choses qui se font à l’interne, dont la prestation des services médicaux. Nous avions notre propre médecin auprès de qui j’ai vécu mon examen de santé final avant de quitter la GRC et le médecin regarde mon avant-bras gauche où il y avait une petite tache brune.

Il me dit que s’il était moi, il ferait vérifier ça chez le dermatologue. Il me prend un rendez-vous chez ce spécialiste pour fins de vérifications. C’est quelque chose que j’avais remarqué, mais il n’y avait pas de protubérance, pas de couleur inquiétante,  ni rien. Ça avait l’air assez correct. Mais j’ai décidé de ne pas prendre de chance et je suis allé voir le dermatologue.

Là, je rencontre la dame spécialiste qui regarde ça qui me dit de ne pas m’inquiéter par rapport à ça. C’est certain toutefois que cela avait soulevé un peu un doute dans mon esprit et au lieu de quitter le bureau de la dermatologue, je lui ai expliqué : « je suis ici. Pourquoi ne prenez-vous pas une biopsie ? » Je me souviens avoir vu la spécialiste rouler les yeux un peu et finalement, elle a pratiqué cette biopsie.

Il ne s’est pas passé trois jours que j’ai reçu un appel de la médecin qui me demande d’aller la voir et c’est à ce moment-là qu’elle m’a confirmé qu’il s’agissait bien d’un mélanome malin et que, conséquemment, je devais me rendre à l’hôpital, en chirurgie plastique pour pouvoir procéder à l’enlèvement du mélanome comme tel.

Là, on coupe en zone périphérique et on s’assure que les marges sont saines et ils ont enlevé un morceau, ce qui a fait en sorte que j’ai eu une cicatrice de 2 à 3 centimètres de long qui a été recousue, ce qui a fait en sorte que, selon eux, la problématique était réglée.

TCM – Une situation qui ne s’oublie pas.

MP - C’est certain que dans les années suivantes, j’ai toujours continué à avoir un suivi annuel pour m’assurer qu’il n’y avait pas de détérioration, qu’il n’y avait pas de mélanome qui n’apparaissait nulle part ailleurs. Après 6 ans – ça coïncidait avec mon retour à Rimouski – le dermatologue à Rimouski me dit que je pouvais partir en paix, il n’y a aucune indication que ça peut être problématique à nouveau. Tout est réglé.

Ce fut donc une expérience sans aucune conséquence négative pour moi, car j’ai eu deux chances, soit de me faire suggérer d’aller voir un dermatologue et aussi, d’avoir un peu la tête dure, et cela m’a amené à insister pour que l’on procède à une biopsie.

Il y a quelques mois passés, lorsque je suis allé au grand Spindon organisé ici à Rimouski, j’ai écouté l’histoire du revers de la médaille, de quelqu’un qui néglige de prendre action, et qui néglige d’aller rencontrer un médecin et qu’au fil des mois, des années, la situation se détériore. Et quand finalement, il décide d’aller voir un médecin, il est rendu trop tard. Dans son cas, on lui donnait à peine six mois à vivre. Il a été capable de surmonter ça, il a livré un combat de tous les instants, il est allé aux États-Unis pour y subir des traitements. Ça s’est passé.

Sauf que lui et moi, sensiblement au même moment, nous avons emprunté deux chemins totalement différents. J’ai pris le chemin associé à la prévention, le chemin associé à la précaution, alors que lui, il a pris un chemin un peu plus dangereux et tout le reste de sa vie, cela a été un chemin vraiment ardu pour lui, alors que moi, aujourd’hui, il n’y a aucune séquelle.

TCM - Quelle a été votre réaction, comment vous avez accepté d’être porteur d’un cancer ?

MP - D’abord, il y avait un peu d’incrédulité. J’avais 46 ans, à ce moment-là. C’est certain que je suis un gars de plein air. J’avais beaucoup joué sur la plage quand j’étais jeune, sur les bancs de sable, joué au golf, travaillé au golf, faire du vélo et c’était mon bras de conducteur également, au volant. Bras gauche. Dans la GRC, c’est certain que dans les belles journées d’été, nous avons le bras sorti et souvent, on ne prend pas nécessairement les précautions qui s’imposent. Il y avait certainement aussi de l’incrédulité.

Mais tout ça s’est passé très très vite. Examen, biopsie, trois jours plus tard, on me confirme que c’est un mélanome malin. Dans la semaine qui suit vient l’intervention rapide en chirurgie plastique, confirmation une semaine ou deux plus tard que les marges étaient claires, je n’avais plus de raison de m’inquiéter et qu’il n’y avait eu aucune conséquence au niveau sanguin vu que cela avait été détecté tôt. Donc pas besoin de chimiothérapie, ou de quelque traitement que ce soit.

C’est certain que je n’ai pas eu besoin de vivre avec toute l’incertitude associée au cancer. Oui, il y a eu un doute, mais je me dis que c’est peut-être comme si c’était une erreur de parcours de la part de mon corps. Parce que je n’avais pas réellement l’impression que j’avais mérité ça, d’une certaine façon. Je pensais que j’avais été respectueux de mon corps, que j’étais trop jeune, que je n’avais pas d’historique de cancer dans ma famille.

TCM - Surpris de voir que peu de gens semblent au courant ?

MP - Ce n’est pas quelque chose que l’on met en public. Je ne m’en suis quand même jamais caché, sauf qu’il est certain qu’il y a des répercussions à ça, par exemple au niveau des assurances-vie. C’est certain qu’à partir du moment où tu as eu ça, tu changes de catégorie. Mes proches le savent.

Mais je trouve important, de livrer cette entrevue, avec comme objectif, de faire prendre conscience à la population jusqu’à quel point la vie de quelqu’un peut changer, entre prendre une approche axée sur la prévention, et l’attention que l’on porte aux signes, versus les conséquences associées à celui ou celle qui refuse de voir.

J’ai personnellement perçu cette étape dans ma vie comme une erreur de parcours de la part de mon système, comme s’il n’y avait aucune raison pour que ça m’arrive. Considérant que j’ai été très chanceux que cela a été détecté tôt, j’ai rapidement tourné la page avec comme seule conséquence bien entendu que je suis plus sensible à cette réalité-là maintenant et je fais plus attention.

TCM - Les effets professionnels ?

MP. - Aucun effet, considérant que ma décision était prise de quitter la GRC.

LA VIE EST FONDAMENTALEMENT BELLE

TCM - Les effets personnels ?

MP. – Je pourrais plutôt parler d’un de mes amis qui est décédé du cancer et qui était tout jeune. Je me souviens que j’étais avec ma conjointe et on parlait de la possibilité de partir en vacances avec les enfants. On repoussait toujours ça, prétextant notamment que ça coûtait cher et à un moment, en entrant au bureau, j’ai vu que mon ami était décédé du cancer.

Les choses s’étaient vraiment précipitées et le soir même, en entrant à la maison, j’ai dit : on part en vacances. On part en vacances parce qu’on ne sait jamais ce qui nous pend au bout du nez. On a juste une vie à vivre et c’est une autre chose que j’ai vécue à partir du moment où j’ai eu 50 ans.

À 50 ans, je me suis dit : je ne dirai plus jamais « j’aurais donc dû ». Maintenant, quand j’ai le goût de faire quelque chose, je le fais. Parce que je trouve que la vie est fondamentalement belle. Il faut en profiter et je considère que je suis très très chanceux maintenant, rendu à l’âge de 56 ans.

C’est certain que mon échelle des valeurs a changé. Ces événements-là font prendre conscience de l’importance de vivre la vie au moment présent. Chaque matin, lorsque je me réveille, je me dis : « Marc, tu as vraiment une belle vie. » Mes enfants sont en santé, ma blonde est une femme extraordinaire, j’aime ce que je fais et je retire énormément de bien-être à contribuer à faire en sorte que la qualité de vie des gens soit meilleure.

Dimanche débutait la Semaine du bénévolat et nous avions un brunch pour tous les bénévoles de la Ville de Rimouski. Je suis allé y faire un tour. On est habitué de dire : je vous remercie. Mais je cherchais une façon de leur faire comprendre jusqu’à quel point je les remerciais, parce que grâce à eux, la qualité de vie de tous les gens ici à Rimouski est de beaucoup améliorée.

Et au moment où je quittais le brunch, vers 11 h 10, 11 h 15, je rencontre une dame à l’Hôtel Rimouski qui me montre un papier et qui me demande à quel endroit était cette salle-là – l’invitation pour le brunch des bénévoles du CISSS qui était dans une salle en haut. Je lui ai donc dit que j’allais y aller avec elle. J’y suis entré, et j’ai vu que le CISSS avait décidé de réunir tous ses bénévoles et j’y ai pris la parole avant de partir. J’ai voulu livrer le même message, mais la différence qu’il y avait entre les deux groupes de bénévoles montrait que les bénévoles du CISSS aidaient les gens qui sont en détresse. C’est un niveau de plus.

©Photo Gracieuseté - Yvan Couillard

Monsieur Marc Parent

Ce sont des gens qui en sont potentiellement à leurs derniers jours de vie et qui vont quitter en ayant à la mémoire ces bénévoles qui ont fait une différence. Au moment j’ai dit ça, je suis devenu tout ému, tout émotif par rapport à ça, parce que ça vient me chercher beaucoup que de voir la différence que les gens font dans la vie des autres. Et d’avoir la chance d’être maire de Rimouski et de pouvoir livrer ces messages de remerciements, ça vaut tout l’or au monde.

TCM – Des effets sur l’entourage ?

MP. – Non, pas vraiment. Ce ne fut pas un cancer à long terme. Cela n’a donc pas changé grand-chose. Je suis arrivé à la maison le soir et les choses se sont passées tellement rapidement qu’une semaine après, l’opération était faite et j’avais la confirmation que les marges étaient réglées. Ça n’a donc pas changé grand-chose.

TCM - Une dizaine d’années plus tard, comment se porte Marc Parent ?

MP - Merveilleusement bien. Oui j’y repense, tout le temps. Ma cicatrice est là, je la vois. C’est bien que je puisse la voir parce que ça me fait prendre conscience de la réalité. Mais je me sens vraiment très très bien depuis.

TCM - Quelles sont les craintes qui vous ont animé et qui vous animent encore ?

MP - C’est sûr que l’on fait plus attention. Il y a un peu plus de deux ans, j’avais un petit quelque chose dans le dos et je suis allé voir le médecin avec l’historique que j’avais bien entendu et je suis allé en chirurgie me faire enlever ce quelque chose, mais il s’est avéré que c’était bénin, il n’y avait rien. Mais je suis certain que je suis plus conscient et avec l’historique, il est certain que s’il y avait quelque chose qui s’apparente, on peut entrer plus facilement dans le système.

TRÈS TRÈS OPTIMISTE ET ZÉRO SUSCEPTIBILITÉ

TCM - Vous êtes guéri ou en rémission ?

MP - Guéri, sans aucun problème. Mais par  contre, je suis attentif.

TCM - Comment vous voyez l’avenir, compte tenu de cet historique ?

MP - Je vis l’avenir au jour le jour. Chaque jour qui passe est bienvenue. Oui, je suis un optimiste permanent, je suis attentif à ce qui se dit et se passe. Souvent, nous sommes ici trois ou quatre personnes. J’écoute la personne qui nous parle et je réalise que l’on ne décode pas les messages de la même façon. J’ai plutôt tendance à croire que ça va fonctionner, ça va marcher. Je suis très très optimiste et zéro susceptibilité.

TCM - Quand vous apprenez que ± 2 300 personnes s’ajoutent à la famille régionale du cancer, tous les ans, cela vous interpelle vraiment ?

MP - C’est certain. Il y a quelques jours, je suis allé faire des appels pour de la sollicitation de fonds. Il y avait une équipe de la Ville de Rimouski qui participait à cette opération, comme à tous les ans. Je suis allé à l’Hôtellerie Omer-Brazeau, au sous-sol. Je pense que tout le monde doit mettre l’épaule à la roue. Il y a beaucoup de progrès réalisés en termes de recherches, de découvertes médicales en ce qui touche le cancer et c’est important de faire des efforts pour supporter la cause.

TCM - Le RELAIS POUR LA VIE le samedi 03 juin, vous voyez ça comment ?

MP - C’est un beau moment de solidarité, un moment qui nous permet de penser aux êtres chers qui ont été moins chanceux que nous. Lorsque l’on passe dans l’allée des flambeaux personnalisés aux personnes disparues, c’est toujours impressionnant et cela vient nous chercher. Et cela nous suggère de prendre une journée à la fois. Je vis une journée à la fois, je profite de chaque journée, j’ai la chance d’être en santé.

Lorsque j’ai écouté la conférence de ce jeune à qui on ne donnait que 6 mois à vivre et qui, une dizaine d’années plus tard, a l’air en pleine forme, cela démontre qu’il est un battant, qui a décidé que le cancer ne l’aurait pas et à ce jour, il réussit à porter le flambeau, le dos bien droit, marchant par en avant. C’est de continuer à avoir confiance. La médecine fait de grands pas. Et lui, il y a va une journée à la fois avec sa famille, ses amis.

TCM - Et que dites-vous à ceux qui sont épargnés par cette malédiction, si on peut utiliser ce terme ?

MP – Certaines études tendent à démontrer que le stress, la nervosité, l’alimentation sont tous des facteurs qui contribuent à favoriser le développement de certaines formes de cancer. Je pense donc qu’on doit regarder notre mode de vie de façon globale, et faire attention un peu à tout, sans nécessairement se priver de tout. Je ne pense pas faire d’abus, mais je ne me prive de rien. Je pense que ça, c’est une vie équilibrée et c’est très très bien par rapport à ça.

Merci, Monsieur Marc Parent, pour ce témoignage très senti. Bonne santé à vous et votre entourage dans les années à venir !

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