09 février 2017

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Les œuvres de Jaime Angelopoulos sont a priori colorées, intrigantes, abstraites. Derrière des sculptures aux allures minimalistes se cachent une grande humanité, une compassion.

Commissaire au Musée régional de Rimouski, Ève De Garie-Lamanque s'intéresse au travail de cette artiste depuis quelques années déjà. Bien que ses œuvres puissent d'abord charmer visuellement par les couleurs, les angles et les courbes, le travail de Jaime Angelopoulos va bien au-delà de l'esthétisme. « Au-delà de la recherche formelle, qui est déjà bien intéressante, l'artiste expose un côté humain, un rapport au corps physique. »

Rapport au corps

Les œuvres ne ressemblent en rien aux corps humains au premier regard, mais les courbes, les couleurs, les masses qui dégagent une posture peuvent faire référence au corps expressif. Certaines œuvres aux courbes accentuées  rappellent un être replié sur lui-même, alors que ses œuvres aux angles droits au rose éclatant donnent des allures de militantisme.

L'intérêt pour le corps expressif, vouloir transmettre quelque chose, avoir une bonne connaissance de notre corps, c'est ce que Ève De Garie-Lamanque retrouve dans l'œuvre de l'artiste. « Quand on a tout ça, un a un côté humain et expressif très prononcé, puis on le ressent parfaitement dans l'œuvre de Jaime. Bien que les masses de l'artiste ne s'apparentent en rien à un corps humain ou animal, ses structures ont des attitudes, des postures, qui pourraient lui donner une apparence humaine, un comportement à peu près humain. »

Autobiographie

Jaime Angelopoulos expose des œuvres autobiographiques de façon implicite, à portées universelles.  Sensible, engagée, très à l'écoute de l'autre, le travail d'intériorisation est mis en valeur dans cette exposition où il est doublement intéressant d'avoir l'explication et le cheminement que représente chaque œuvre. 

Au même titre qu'on faisait autrefois des recherches sur les muscles pour comprendre le fonctionnement du corps, Jaime Angelopoulos détient cette sensibilité et fait les recherches nécessaires pour en arriver à un résultat parfois troublant, tantôt touchant. « Si je vais militer, ma posture sera droite, mes articulations seront barrées. » C'est tout un travail que l'on peut observer dans son oeuvre. Bien que l'artiste y présente des créations à caractère autobiographique, tous peuvent se sentir interpellés par les sujets, par des œuvres qui semblent dynamiques, mais qui reflètent des inquiétudes vécues par plus d'un.

Acte de résistance

Des lignes droites, des drapeaux en guise de symbole de militantisme puissant dévoilent l'engagement de l'artiste, le désir de liberté et la question identitaire devant un système qui ne convient plus, dans lequel les jeunes ne se retrouvent plus.

« Il y a beaucoup d'insatisfaction dans le système néolibéral en place, les jeunes ne se reconnaissent plus dans les notions d'hyper productivité, contraires à notre nature. Il y a une montée très importante de l'activisme citoyen, plusieurs mouvements sociaux sont créés afin de militer dans l'espoir de changer les choses. »

Le travail de l'artiste demeure universel et peut toucher chacun des visiteurs. « Il y a tellement de choses qui se passent dans le monde, et pour Jaime, l'exposition est sa façon à elle d'être résistante. Son œuvre est un acte de résistance. »

L'exposition « Naviguer sur le fleuve autrefois » est également présentée ce soir.

Info : museerimouski.qc.ca