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11 avril 2017

L'histoire d'un viol au cœur du nouveau roman de Sergine Desjardins

©Photo TC Media - Adeline Mantyk

17E SIÈCLE. L’auteure rimouskoise Sergine Desjardins fait paraitre son dernier roman, « Le châtiment de Clara », qui se déroule au 17e siècle, mais qui aborde un sujet dont les échos résonnent jusqu’à aujourd’hui, celui du viol.

Le roman démarre en 1688, à Paris. C’est l’histoire de Clara de Longueville, une bourgeoise et épouse d’un chirurgien. « Elle est victime d’un viol et lorsqu’elle se réveille, elle ne se souvient pas qu’elle ait été violée. Mais elle souffre d’angoisses, se pose des questions. La mémoire lui revient par bribes et au fur et à mesure, elle a des peurs. Le fait d’écrire au « je » m’a permis de transmettre ses émotions qui ne sont pas faciles à décrire », explique Sergine Desjardins. Un mystère demeure, celui de savoir si Clara a tué ou non son agresseur.

Son mari va finir par découvrir qu’elle a été violée et c’est lui qui porte plainte : « À l’époque, c’était l’époux qui devait porter plainte. Le mot viol n’était pas d’usage, on parlait de « rapt ». On faisait l’amalgame entre viol et vol, on avait « volé » la femme à son mari, donc c’était lui la plus grande victime, parce qu’on avait atteint à son honneur, le plus grand bien au 17e siècle pour un homme. Le mot violeur n’était pas utilisé, on appelait ça un « luxurieux ». « Les violeurs disaient souvent à la femme qu’ils violaient « Laisse-toi faire, ce n’est pas grave, c’est juste par amitié », pendant que la femme se débattait. »

Deux ans de recherches historiques

La Rimouskoise, originaire de Cap-à-la-Baleine, près de Matane, a passé plus de deux ans à faire des recherches historiques pour écrire ce roman de 624 pages, qu’elle avait débuté en 2006 : « Je suis un peu maniaque, j’ai de la difficulté à m’arrêter dans mes recherches. J’ai lu plus d’une vingtaine d’ouvrages sur la question. »

Résultat : une fiction très réaliste qui permet au lecteur de plonger dans la vie et les mœurs du 17e siècle, où la notion de consentement n’existait pas et où le viol était banalisé, comme l’explique Mme Desjardins : « Il y avait trois procès pour viol tous les 10 ans pour les femmes adultes. Pendant le procès, les femmes étaient toujours traitées comme des coupables. On ne tenait pas compte de la souffrance psychologique, ni de la violence physique. Les juges de disaient que si le violeur n’était pas armé, ce n’était pas un vrai viol. On fouillait dans la vie de la femme, comme on l’a fait encore longtemps au Québec », raconte Mme Desjardins.

Une histoire d’inégalité hommes/femmes

À une époque où la parole des femmes n’avait aucune valeur, l’héroïne du roman a été jugée de mœurs légères de par son affiliation aux salonnières, comme l’explique l’auteure. « Clara faisait partie des salonnières, ces femmes qui fréquentaient les salons, se réunissaient et parlaient de droits des femmes, des féministes avant l’heure. Elles voulaient avoir les mêmes droits que les hommes et étaient extrêmement mal vues. À l'époque, on disait qu’apprendre surchauffait l’esprit féminin », explique l’auteure, qui aime à donner un angle féministe à ses livres. « Je veux montrer dans mes ouvrages en filigrane, tout le chemin qu’on a parcouru. On a tendance à l’oublier. » 

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