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08 février 2017

Nous sommes tous humains

Suite à l’attentat meurtrier dans une mosquée de Québec, les notables ont répété comme un mantra « nous sommes tous Québécois ». Comme éducateur, j’aurais de beaucoup préféré qu’ils disent « nous sommes tous humains ». Voici pourquoi.

La tendance égocentrique des humains à sacraliser leurs différences naturelles et culturelles pour se faire valoir individuellement et collectivement a débouché tout au long de leur histoire sur différentes formes d’extrémisme. L’intégrisme (religieux, idéologique, nationaliste, politique, etc.) a été et continue d’être la source principale des dissensions et des confits qui divisent et soulèvent les humains les uns contre les autres. Pour une espèce qui possède maintenant des armes de destruction massive, toute forme de fanatisme à l’ère planétaire est devenue non seulement irrationnelle et immorale mais carrément humanicidaire.

L’unité dans la diversité

La seule chose que tous les êtres humains partagent, c’est leur commune nature. Ils font tous, sans exception, partie intégrante de la même espèce. L’être humain est, de par sa nature, une fin en soi, donc à soi-même sa valeur suprême. Ce qui est une valeur intrinsèque absolue est sacré, digne d’un respect inconditionnel.

Voilà pourquoi tous les humains naissent égaux en dignité, donc en droit. Or, cette dignité est inhérente à un être capable de devenir conscient qu’il est sa propre fin. Elle ne découle pas de son sexe, de son âge, de sa couleur, de sa langue, de sa religion, de sa culture ou de sa nationalité.

Toute forme de fondamentalisme est par conséquent un problème éducatif qui découle directement des erreurs que les humains font sur les caractéristiques essentielles de leur commune nature. Tant que la famille, l’école obligatoire et les religions transmettront des représentations irréductibles et antagonistes de leur nature, ils continueront de semer de la méfiance, de la peur et conséquemment de la division entre les individus ne partageant pas les mêmes croyances.

Enseigner la dignité humaine

Enseigner pourquoi et comment respecter sa dignité et celle d’autrui est le moyen par excellence dont disposent les démocraties pour lutter efficacement contre les débordements haineux aux conséquences souvent meurtrières. L’enseignement du respect de la dignité devrait être au cœur de tout programme d’éthique qu’elle fonde et appelle. L’humain devient progressivement moral, c’est-à-dire de plus en plus respectueux de sa dignité et de celle d’autrui en apprenant à connaître et à respecter toujours davantage les exigences de bon développement et de bon fonctionnement de son être dans ses rapports avec le réel, l’environnement, la vie, lui-même, autrui, la société et l’humanité. Par conséquent, l’antidote qui a les meilleures chances de contrer, à la source, les différentes formes de dérives serait d’instaurer un véritable programme d’éthique qui enseigne l’unité dans la diversité.

Une éthique bâtarde

La laïcisation de l’école québécoise visait à remplacer l’endoctrinement religieux par un programme éthique fondé sur une conception naturelle, rationnelle et scientifique, donc universelle, de la commune nature des êtres humains. L’enseignement religieux devait être transformé en cours de culture sur les grandes religions. Il était crucial de séparer ces deux conceptions diamétralement opposées de la nature humaine. Malheureusement, le lobby religieux n’a pas respecté le vœu de la majorité des Québécois qui souhaite un gouvernement démocratique et des institutions laïques. Il a fait passer un programme d’éthique où la dignité humaine est totalement absente et où, insidieusement, on laisse entendre que la notion d’éthique est indissociable de celle de la religion comme si la religion avait le monopole des valeurs et de la morale.

Un problème politique

Les millions de victimes de croyances et d’idéologies axées sur le rejet des différences dans le monde méritent davantage que de beaux discours remplis de compassion et de solidarité surtout lorsqu’ils proviennent des politiciens. L’unité dans la diversité se concrétisera lorsque les politiciens assumeront la plus importante de leur responsabilité : faire respecter le droit naturel des enfants et des adolescents à une éthique fondée sur l’humain, par l’humain et pour l’humain. Et dans une démocratie, la responsabilité de faire respecter ce droit fondamental relève directement du gouvernement au pouvoir appuyé par les autres député(e)s élu(e)s à l’Assemblée nationale.

Nous sommes tous humains et un programme d’éthique devrait avant tout enseigner aux membres de chaque nouvelle génération pourquoi et comment respecter leur dignité et celle d’autrui.

Gaston Marcotte

Professeur associé à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval Président-fondateur du Mouvement Humanisation

 

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