Il est estimé qu’au Québec, au moins un jeune sur cinq agirait comme proche aidant d’un parent ayant un trouble de santé mentale.

« Ces jeunes sont 15 à 20 fois plus à risque de développer eux-mêmes un trouble de santé mentale à cause du contexte de leur situation. Il peut même arriver qu’ils jouent le rôle qu’un parent devrait normalement jouer. Ces jeunes ne sont pas souvent conscients qu’ils baignent dans cette problématique, parce que souvent, ils le sont dès leur jeune âge », explique le directeur général du Réseau Avant de Craquer, René Cloutier.

Ce rôle comporte de nombreuses responsabilités et a des impacts significatifs sur la vie de ces jeunes. Par exemple, en offrant du support moral à son proche atteint, de l’aide pour ses rendez-vous, la préparation des repas ou encore de s’occuper d’affaires financières ou légales, différentes sphères de leur vie peuvent en être affectées.

« Ils peuvent aussi vivre des inquiétudes et se demander si eux aussi vont développer un trouble de santé mentale. Ils peuvent aussi se demander si c’est leur faute », ajoute monsieur Cloutier.

« Aider sans filtre, pour les jeunes, avec les jeunes »

Pour leur venir en aide, le Réseau Avant de Craquer a donc lancé « Aider sans filtre, pour les jeunes, avec les jeunes », un projet visant à implanter de jeunes vigies dans les milieux de vie fréquentés par les jeunes.

« C’est important d’aller au-devant des jeunes qui ne vont pas cogner à nos portes, parce qu’ils ne connaissent pas les ressources disponibles ou encore en raison de la stigmatisation qui est encore très présente en santé mentale. Il y a encore beaucoup de préjugés et de tabous qui font que nous n’osons pas parler de notre santé mentale ou de notre situation quand on accompagne quelqu’un qui a un trouble de santé mentale. Il faut donc aller au-devant des jeunes, dans les milieux qu’ils fréquentent : les écoles, les Cégeps, les universités, les clubs sportifs, les clubs sociaux, les maisons de jeunes. C’est pour ça que nous avons mis en place le projet Aider sans filtre, pour sensibiliser tous les jeunes au Québec sur la santé mentale, mais aussi sur les impacts que ça peut avoir en tant que proche d’une personne qui a un trouble de santé mentale. Les jeunes vigies seront en fait des jeunes qui seront vigilants. Qui seront à l’affut de ceux qui vont moins bien, qui développent peut-être davantage des comportements d’isolement. À ce moment-là, elles pourront dire à ces jeunes qu’ils ne sont pas seuls et qu’il existe des services qui peuvent les aider et les soutenir. »

Ces vigies seront recrutées par les agents de sensibilisation et de soutien, qui travaillent dans les associations membres du Réseau Avant de Craquer. Ces agents reçoivent une formation pour offrir du soutien aux jeunes proches aidants en santé mentale et sont responsables du volet sensibilisation dans les milieux sous différentes formes (ateliers, trousses, rencontres, etc). La Fondation de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a récemment annoncé son soutien au Réseau, avec un appui de 150 000 $.

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