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05 septembre 2019

Lettre d’un citoyen de Rimouski au député Harold LeBel concernant l’information en région

Commissaion parlementaire

©Photo TC Media - Dominique Fortier

L'avenir des médias en région est préoccupant.

Monsieur le Député, en tant qu'observateur du milieu médiatique régional, permettez-moi de vous faire part de mes préoccupations et de certaines recommandations à l'occasion de la tournée régionale de la Commission parlementaire sur l'avenir des médias.

Votre insistance à faire voyager cette commission dans les régions du Québec me fournit l'occasion de faire connaître mon point de vue. Il me semble fondamental de miser sur deux éléments pour appuyer le développement des médias régionaux et la présence des médias nationaux desservant les régions.

À mon avis, le gouvernement québécois pourrait donc agir sur deux plans : 1) Augmentation du nombre de journalistes permanents installés en région Le quotidien Le Soleil représente l'outil par excellence pour permettre aux municipalités de l'Est du Québec de mieux comprendre leurs enjeux communs et spécifiques. La vie économique, culturelle et sociale en dépend. Un engagement financier public devrait poser des conditions qui tiennent davantage compte des citoyens que des actionnaires ou des sociétaires. Peu importe son éventuel propriétaire, le    Soleil devrait être tenu d'ajouter des ressources journalistiques permanentes dans l'Est du Québec. L'entreprise privée, bénéficiant directement de nos taxes, créerait une base de contenus élargie pouvant être exploitée en format papier et sur toutes les plateformes numériques. L'enjeu du contenu : voilà la vraie question. Sauvez des entreprises de presse de la faillite, oui..., mais cela doit se faire dans un contexte d'augmentation, de diversification et de la valorisation du contenu.  Autrement, il ne s'agirait que d'offrir de nouveaux paramètres de rentabilité pour des actionnaires ou des sociétaires. En clair, c'est beau de renvoyer la balle aux citoyens en leur demandant de se réabonner, mais qu'auront-ils de mieux à lire, à consulter, à réfléchir ? Le même raisonnement s'applique aux hebdos régionaux et locaux. Rien ne saura remplacer les médias de proximité. Nos communautés locales en devenir (vous êtes très bien placé pour le constater...), avec ces jeunes novateurs qui font le choix des régions et qui comprennent les règles du jeu leur permettant d'atteindre de nouveaux marchés, comptent sur des moyens d'information locaux privés et communautaires offrant un premier lieu d'éclosion des idées.

2) Télé-Québec, un média public davantage orienté vers l'information : nouvelles, débats, places publiques, documentaires Pourquoi ne pas profiter du grand brassage médiatique actuel pour avancer l'idée de développer un nouveau modèle pour Télé-Québec à partir de la région ? Le budget actuel du diffuseur public ne serait pas vraiment réduit car il pourrait s'agir d'un projet pilote de trois ans amenant un financement temporaire jusqu'à la fin de la modélisation, pouvant par la suite s'étendre à l'ensemble du réseau. Les administrateurs auraient le temps avec la partie syndicale de négocier les rajustements nécessaires pour la mise en place du système dans les autres régions du Québec. De la cueillette des faits aux opinions diversifiées en passant par les analyses et les commentaires des experts, le média québécois globalisé deviendrait un repère pour les citoyens. La télévision et les plateformes numériques de Télé-Québec auraient en quelque sorte un volet majeur en information qui viendrait combler les lacunes évidentes de la matière journalistique livrée dans la région. Sans insister sur la démonstration déjà faite de l'affaiblissement de la couverture en information depuis dix ans, soit par l'abolition de postes de journalistes ou encore par l'allègement des contenus, il me semble clair que la région serait un terrain fertile pour oser des approches nouvelles et en mesurer l'impact. Radio-Canada annonce des possibilités de collaboration avec des partenaires journalistiques privés en vue de réaliser des enquêtes. Cette démarche est prometteuse si elle ne se réduit pas au phénomène du grand journaliste débarquant des métropoles pour utiliser les contacts des reporters locaux et les confinant aux rôles de recherchistes d'appoint. Ce que je propose va au-delà des collaborations entre médias. L'expérience pourrait aussi impliquer nos universités et nos collèges. Des sociologues, historiens, spécialistes du développement des régions côtoient chaque jour les nouvelles générations, et leurs expertises doivent être mises à contribution dans cette recherche de nouveaux modèles construisant ainsi un pont auprès des publics de moins de trente-cinq ans. Cela me semble une nécessité afin que toute action devienne pérenne, comme l'ont souligné les professeurs Dominique Payette et Alain Saulnier. Monsieur le député, je vous remercie du temps que vous aurez consacré à la lecture de mon point de vue.

Harold Michaud, Rimouski

Commentaires

16 septembre 2019

Claude Côté

Je suis d'accord avec vos recommandations. Vous portez un regard lucide sur la situation. Je souhaite seulement que vous soyez entendu par nos élus qui siègent à l'Assemblée nationale. Si seulement, ils pouvaient se débrancher des médias sociaux. Les gens n'ont plus le temps de lire des articles rédigés par des professionnels de l'information. Les médias ont perdu la bataille des sources de revenus devant les géants américains : Google, Facebook, Apple, Microsoft, Amazon, etc. Je crois que les gouvernements n'ont pas encore mesuré les risques inhérents à cette dérive qui guette nos sociétés. Lorsque nous avons un président des États-Unis qui a fait de Twitter son principal canal de communication, il y a lieu de s'inquiéter. Comme le disait si bien Marshall McLuhan : Le média est le message.

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