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10 février 2020

Quand un règlement ministériel mène à des décisions périlleuses

Cégep de Rimouski

©Archives - Le Laurentien

Le Cégep de Rimouski

Rimouski, vendredi 7 février. Une tempête de neige s’abat sur le Bas-Saint-Laurent. Toutes les écoles de la grande région de Rimouski sont fermées. Toutes ? Non. Le Cégep de Rimouski demeure ouvert contre bourrasques et poudrerie. Les cours se donnent malgré l’état des routes et la visibilité réduite. Par contre, dans un mémo, la Direction rappelle qu’« il appartient à chaque individu, membre du personnel ou étudiante et étudiant, de juger des conditions de circulation et de décider de se présenter ou non aux activités du collège. Personne n’est tenu de s’exposer à des risques sérieux pour participer à ses activités courantes ».

Alors, braver la tempête ou non ? Que faire quand on est enseignante ou enseignant ? Annuler le cours ? Demander à nos élèves de prendre la route malgré les risques ? Et quand on est étudiante ou étudiant ? Que se passe-t-il si je ne me présente pas et que l’examen a bel et bien lieu ? Si seulement les consignes étaient claires. Et si les conditions météorologiques sont assez mauvaises pour suspendre les cours dans les écoles primaires et secondaires, pourquoi pas au cégep ? Les conditions routières sont aussi dangereuses pour un conducteur de 19 ans que pour un autobus rempli d’écoliers. Pourquoi ne pas fermer alors ?

La réponse est simple : le Règlement sur le régime des études collégiales (RRÉC). Un règlement ministériel encadrant de manière très stricte le calendrier scolaire du cégep. En effet, dans la section V, article 18 du RRÉC, il est stipulé que « le collège doit organiser, durant la période débutant le 1er juillet d’une année et se terminant le 30 juin de l’année suivante, au moins deux sessions comportant chacune un minimum de 82 jours consacrés aux cours et à l’évaluation ».

Or au fil des ans, l’élaboration des calendriers scolaires dans le réseau collégial est devenue un véritable casse-tête avec la multiplication des activités pédagogiques particulières, activités de promotion, visites des écoles secondaires, etc. Le respect de ce fameux règlement est devenu si laborieux qu’il contraint certaines directions à prendre des décisions pour le moins inquiétantes, comme c’est le cas aujourd’hui... Que peut-on faire dans un calendrier extrêmement serré quand il y a une tempête ? Une grève ? Une levée de cours par les élèves qui manifestent contre le réchauffement climatique ? Jusqu’où peut-on étirer une session ? Nous terminons déjà tout près de Noël à l’automne et tard en mai au printemps. Ajouter des journées devient presque impossible.    

Dans leur tour d’ivoire à Québec

Au moment où j’écris ces quelques lignes, le Cégep de Rimouski annonce qu’il fermera ses portes pour l’après-midi et la soirée, compte tenu des conditions météorologiques. C’est également la même situation au Cégep de Matane et au Cégep de Rivière-du-Loup. Et le plus beau dans tout ça, c’est que comme le collège n’aura pas été fermé toute la journée, le calendrier ne sera pas révisé. Voilà peut-être pourquoi la décision de fermer, ou pas, lors des tempêtes devient si stratégique pour les directions de cégep.

En matinée, plusieurs de nos collègues se sont retrouvés devant des classes où il manquait un grand nombre d’étudiantes et d’étudiants. Ils devront donc maintenant faire preuve de « créativité » afin de trouver une façon de rattraper les choses avec les élèves qui ne se sont pas exposés au danger de la route. Et comme les cours ont été suspendus en après-midi, les autres enseignantes et enseignants auront eux aussi à trouver des solutions pédagogiques pour reprendre la matière manquée. Sans ajouter une seule journée au calendrier. Absurde, n’est-ce pas ? Que voulez-vous, c’est le règlement…

Il serait peut-être temps que nos penseurs de l’Enseignement supérieur descendent de leur tour d’ivoire à Québec et qu’ils se penchent sérieusement sur cette absurdité des 82 jours de calendrier. Non seulement ce règlement ne colle plus du tout à la réalité collégiale, mais il mène parfois les directions à prendre de périlleuses décisions.

Alain Dion
Enseignant et coordonnateur du Syndicat
des enseignantes et enseignants du Cégep de Rimouski

Commentaires

10 février 2020

François Larocque

Très bon commentaire, Alain. J'abonde et rappelle que moi, en l'occurrence, je fais 80 km pour me rendre au cégep tous les jours depuis 26 ans. Cette problématique me concerne d'autant plus que je dois prendre une décision tôt le matin, bien avant que le cégep ne décide de suspendre les cours... Tour d'ivoire ? À leur tour d'y voir... que je me dis depuis tout ce temps...

13 février 2020

Andrée Vaillancourt

Plus ça change plus c'est pareil… donc rien ne change!

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