09 septembre 2020

Charles Lepage - clepage@medialo.ca

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©Photo Gracieuseté

Josianne Roussel et Nancy Rehel sont retournées sur les lieux où Josianne a retrouvé son père décédé en 2019.

Au Bas-Saint-Laurent, le Centre de prévention du suicide et d’intervention de crise offre deux types d’interventions : le suivi étroit de prévention du suicide pour éviter un passage à l’acte et la post-prévention pour les personnes ayant besoin de soutien après le suicide d’un être cher.

Nancy Rehel est intervenante depuis près de 16 ans au centre de prévention du suicide. Héroïne à sa façon, son travail contribue à sauver des vies et à réconforter les personnes endeuillées affectées par le départ d’un proche. Mme Rehel a accepté de nous parler de son rôle en période de COVID où l’anxiété et la détresse des gens sont plus présentes chez une clientèle de tout âge.

« Travail, finances, rupture amoureuse, consommation, souffrance… les facteurs menant à la crise suicidaire sont nombreux. Pendant le confinement, nous sommes restés ouverts. Je devais contacter mes clients par téléphone. C’était soit des endeuillés par suicide ou des gens à haut potentiel suicidaire. Faire des interventions par téléphone dans ces cas-là n’est pas facile. Je trouvais cela triste pour mes clients. Alors dès qu’on a pu aller marcher à deux mètres de distance, je suis sortie avec eux afin de les voir et les accompagner », dit-elle.

« En période de virus, il m’a fallu être imaginative pour donner un service auquel les gens souffrants avaient droit. Les endeuillés quant à eux nous racontent souvent que leur vie est brisée et qu’ils ne savent pas s’il y aura un après. Mon travail consiste à les rassurer et leur faire voir qu’il y a de l’espoir après l’épreuve et que c’est possible de retrouver une certaine sérénité et joie de vivre malgré la lourdeur présente lors de la perte d’un être cher. »

Témoignage

Le 10 septembre 2019 à l’occasion de cette même journée mondiale de la prévention du suicide, le père de Josianne Roussel, propriétaire d’une ferme à Saint-Fabien, s’enlevait la vie, exaspéré de voir la date sans cesse reportée de son procès contre Hydro Québec à qui il reprochait depuis 1996, la perte de son troupeau laitier en raison de tensions parasites causées par des pylônes à proximité de sa ferme. La santé financière de son entreprise en était grandement affectée et il souffrait d’un état de stress post-traumatique.

« Mon père c’était la personne la plus proche dans ma vie et après cet événement, j’ai vraiment eu besoin de consulter. Il est parti dans la nature et je l’ai trouvé moi-même, mon papa dans le bois… J’avais un énorme chagrin! », lance-t-elle.

« Un peu par curiosité, deux - trois semaines plus tard, j’ai consulté le Centre de prévention du suicide pour un suivi post-prévention offert aux personnes qui ont besoin de soutien après le suicide d’un proche et depuis, je suis toujours restée en contact avec eux avec un suivi personnalisé. Leur approche est humaine et professionnelle et nous permet de nous libérer de notre trop-plein d’émotions, de comprendre et d’aller à la source. »

Mme Roussel raconte qu’elle a dû réapprendre à vivre sans son père qui était aussi son associé au travail et son confident. « Aujourd’hui, je réapprends à vivre sans cette personne et je me rends compte qu’il y a un “ après-ça ” et que la vie continue ».

Si vous avez besoin d’aide pour vous ou vos proches, contactez le 1-866-APPELLE et votre appel sera automatiquement acheminé à la ressource de votre région.