16 juin 2021

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©Photo Gracieuseté

« Il (Samuel) a d’innombrables talents, mais contrairement à bien d’autres ayant eu des chemins de formation bien remplis, pour lui, c’est de façon autodidacte que le tout s’est mis en place. »

- Si je te propose de visualiser ton job de rêve, mettons… qu’est-ce que tu vois?
- Ah bin… en fait, je pense créer mon job.
- Ah ouais?

Oui. Et il l’a fait. Avec le temps, il a récolté ce qu’il lui fallait, sans faire trop de bruit… et hop! D’un jour à l’autre, les contrats sont arrivés, le projet a démarré. Samuel a aujourd’hui 24 ans. Il a d’innombrables talents, mais contrairement à bien d’autres ayant eu des chemins de formation bien remplis, pour lui, c’est de façon autodidacte que le tout s’est mis en place. Il est maintenant travailleur autonome comme vidéaste, designer 2D et 3D et il mène quelques projets de photographie. L’activité roule bien et roule pas mal depuis son démarrage!

Lorsque j’ai rencontré Samuel, il n’était pas le plus expressif, mais il était hyper-observateur et avait toujours de très bons mots pour ses proches, ses pairs, ses amis. « Une force tranquille », comme diraient certains. Mais la route « traditionnelle » de l’école n’était pas pour lui. Pour certains, le fait de sentir que le moule ne semble pas adéquat est une source importante de questionnements. Et que dire du contexte social actuel qui accentue les défis pour bien des gens dans des réalités sociales variées!

Malgré tout cela, l’objectif de Samuel était bien clair et la pandémie n’allait pas l’empêcher de le réaliser. Et comme de fait, janvier 2021 est le moment où son rêve est propulsé en réalité. C’est donc avec fierté que je dépose ces mots pour souligner à quel point son envol m’a touchée… Il m’enseigne l’espoir, au-delà de tout ce qu’on peut entendre, penser et raconter au sujet de ces jeunes trajectoires oubliées.

Jeunes qui se tournent les pouces sur le chômage, vous dites?

Laissez-moi vous dire que cette année et demie de pandémie m’a fait rencontrer des jeunes adultes aux talents extraordinaires et aux intelligences incroyablement multiples. Je suis psychosociologue et je suis actuellement accompagnatrice auprès d’un groupe de jeunes adultes qui ont entre 17 et 29 ans.

Depuis mon arrivée, de jeunes hommes cheminent ensemble. Ce sont des individus de type solitaires, qui ne « fittent » pas dans la société qu’ils observent, mais qui m’apprennent que le ralentissement autour d’eux… les ont fait sortir! Sortir de leur quotidien pour s’adresser à leurs questions, leurs enjeux personnels, leur curiosité. La pandémie leur a donné un rendez-vous, celui de s’investir envers leurs désirs parce qu’enfin, il y avait moins de bruit.

Alors que leurs chemins semblent retrouver du sens, un élément de plus s’invite à nos rencontres de groupe : un surprenant et bien puissant point commun qu’est la création. Eh bien oui, un groupe d’hommes qui créent, dans l’ouverture de leurs imaginaires singuliers, dans la douceur d’un rythme nouveau. En effet, comme le monde est au ralenti, il y a moins de pression de réussir « tout, tout de suite et maintenant », alors pourquoi ne pas s’adresser à sa vie à travers l’acte de créer?

En toute honnêteté, je porte un grand intérêt envers la création moi aussi, mais pas une minute je n’ai eu à pousser ce qui s’est déclaré. Ce sont eux qui ont mené la cadence et je n’ai fait que leur offrir les conditions nécessaires à la mise en œuvre. Ils m’apprennent le rythme de la vie… celle en dessous de la surface qui va si vite. Ils m’enseignent la magie des possibles… lorsque tout semble impossible.

Cathie Lacasse-Pelletier
Rimouski