01 décembre 2021

Communiqué L'Avantage - redactionrimouski@medialo.ca

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©Photo : gracieuseté

Le Titanoboa dans son habitat.

On est environ 8 millions d’années après la disparition des dinosaures non-aviens quand le roi des serpents sillonne les forêts tropicales de l’Amérique du Sud. Sa taille est colossale. Il est estimé qu’il pouvait atteindre jusqu’à 15 mètres de long et peser jusqu’à deux tonnes. Le diamètre de son corps mesurait presque un mètre. Avec de telles mensurations, un seul nom pouvait convenir : Titanoboa, pour le plus grand serpent n’ayant jamais existé à ce jour.

Ce roi des serpents avait un régime alimentaire très particulier. Alors que ses cousins contemporains se nourrissent de petits mammifères, lui se nourrissait principalement de crocodiles. Eh oui, il pouvait engloutir un crocodile de plusieurs mètres de long ! L’emplacement de la découverte des fossiles de ce serpent indiquait que son habitat se trouvait proche de l’eau. En plus d’avoir une taille monstrueuse, il savait potentiellement bien nager. Ce super-prédateur opérait à la manière des anacondas actuels pour se nourrir c’est-à-dire en ligotant sa proie pour la faire suffoquer voire l’entrainer sous l’eau pour la noyer. La puissance de sa constriction est démentielle. Si un humain se retrouvait pris au piège par ce serpent on estime que cela représenterait 15 000 tonnes de pression soit la même chose que si l’on se couchait sous le poids du pont de Brooklyn.

Mis à part ses dimensions incroyables, le Titanoboa intéresse les scientifiques pour d’autres enjeux. Un tel corps n’est pas le résultat du hasard et si ce serpent était aussi grand c’est notamment grâce au climat si particulier qu’il y avait, il y a 58 millions d’années. En effet, les serpents sont des animaux à sang-froid et ont donc besoin de fortes chaleurs pour survivre. La taille colossale de Titanoboa indique que les températures de son habitat ne pouvaient descendre sous la barre des 32 °C. C’est donc dans un contexte de fortes températures qu’on peut retrouver du gigantisme chez les serpents. Le taux de CO2 dans l’atmosphère était aussi quatre fois supérieur à celui d’aujourd’hui. Cependant, si le réchauffement climatique continu, peut-être qu’un jour les serpents redeviendront des titans…

Richard Flament

Étudiant au doctorat en biologie évolutive à l’UQAR.