C’est à la suite d’une proposition de son éditrice que Marthe Saint-Laurent a décidé d’aborder ce thème. « En écrivant, j’ai pris conscience de ma charge mentale que j’ai eue pendant toute ma vie et que c’est un modèle que nous avons observé chez nos mères et nos grands-mères. Nous le reproduisons sans nous poser de questions. Nous sommes au centre de tout et nous nous arrangeons pour que tout le monde soit bien », explique-t-elle.

Au fil de ses recherches, l’auteure a découvert que c’est en 1984 qu’une sociologue française a défini le travail domestique invisible et non rémunéré comme étant de la charge mentale. « C’est aussi toutes les pensées que nous avons dans le moment présent et que nous ne pouvons pas accomplir. À l’époque, les femmes étaient souvent à la maison. Elles avaient une immense charge mentale, mais c’est comme si ça faisait partie du travail qu’elles devaient accomplir. Maintenant, les femmes sont sur le marché du travail. Elles ont donc le travail en double et elles sont fatiguées beaucoup plus rapidement », dit-elle.

Selon Marthe Saint-Laurent, la pandémie a permis de réaliser la gravité de cette charge mentale pour la santé des femmes. « On en parle plus parce que les femmes sont de plus en plus débordées. Avec la pandémie, nous avons atteint un plafond. Les femmes buvaient pour faire descendre la pression ou elles prenaient des antidépresseurs. Les femmes étaient responsables de l’école à la maison. Certaines ont quitté leur emploi et d’autres ont commencé à travailler à temps partiel », mentionne-t-elle.

L’auteure insiste sur le fait que la charge mentale est présente à tous les âges et pas seulement pour les femmes dans la trentaine avec des enfants. « Une fois que les enfants sont partis de la maison, ce sont les petits-enfants. On va les chercher à la garderie. Nos parents ont besoin de rendez-vous médicaux, donc nous y allons avec eux. Au moment de la retraite, on s’aperçoit que les femmes n’ont pas tellement les moyens de vivre seules ou de prendre leur retraite comme les hommes à 65 ans. On travaille souvent à temps partiel ou à contrat », dit-elle.

Avec ce livre, Marthe Saint-Laurent veut inciter les femmes à déléguer. Elle propose des pistes de solution vers un changement. « C’est correct si notre enfant n’arrive pas à la garderie bien habillé. Nous devons pouvoir avoir une vie sociale et une vie avec des loisirs. Il y a des tâches à faire et il faut arrêter de se les approprier. Il faut se demander qui d’autre peut faire la tâche. Une fois qu’on a délégué, il ne faut pas vérifier si ça a été fait. Si ce n’est pas fait, c’est l’autre personne qui s’arrange. Il ne faut pas attendre d’être à bout », affirme-t-elle.

Le livre « Là ça déborde! Comment gérer notre charge mentale au quotidien » est en vente dans les librairies ainsi qu’au editionsjcl.com.