Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Opinion

Retour

25 octobre 2017

Conseils à notre futur Maire pour mettre un terme définitif au projet Chaleur Terminals

Je me réjouis de constater le changement d’opinion qui s’est opéré dernièrement parmi certains
candidats à l’élection municipale de Rimouski concernant le dossier du transport ferroviaire
d’hydrocarbure sur notre territoire.

Je suis particulièrement heureux de constater que l’opposition
au projet Chaleur Terminals fasse maintenant l’unanimité. Toutefois, je dois mentionner qu’une
simple opposition de dernière minute, en pleine campagne électorale, ne risque certainement pas
de l’arrêter.
Par conséquent, si la volonté réelle de notre futur maire est d’interdire ce projet industriel qui
menace directement notre développement économique, notre sécurité et notre capacité à vivre
dans un environnement sain, je l’invite à suivre la démarche suivante :
Tout d’abord, il pourrait organiser une vaste consultation publique à l’échelle régionale en
collaboration avec les autres municipalités concernées afin que tous les citoyens de la région
puissent connaître les conséquences sécuritaires, environnementales et économiques de ce projet
sur nos communautés. Pour ce faire, il lui suffit de suivre l’exemple de la communauté
métropolitaine de Montréal. En effet, celle-ci a organisé, en 2015, une vaste consultation
publique sur le projet Énergie Est en ne faisant pas de cas des désapprobations et du choix de la
compagnie Transcanada de ne pas y participer. La CMM a ainsi pu, après avoir étudié les
nombreux mémoires déposés par les différents groupes d’intérêt et les citoyens lors de la
consultation publique, prendre la décision de refuser ce projet. Comme nous le savons, cette
objection de la CMM au projet de Transcanada a sonné le début de sa fin.
Ensuite, notre futur maire pourrait exiger de l’honorable ministre fédérale de l’Environnement
Mckenna qu’elle ordonne une évaluation environnementale portant sur l’ensemble de ce projet,
en amont comme en aval, afin de mesurer ses effets environnementaux négatifs potentiels et son
impact global sur les GES.
Notre élu pourra faire pression sur elle en utilisant l’Article 14 (2) de la Loi canadienne sur
l’évaluation environnementale (2012). Cet article de loi, qui stipule que le ministre peut, par
arrêté, soumettre toute activité à une évaluation environnementale obligatoire « s’il est d’avis
que l’exercice de l’activité peut entraîner des effets environnementaux négatifs ou que les
préoccupations du public, concernant les effets environnementaux négatifs que l’exercice de
l’activité peut entraîner, le justifient », lui sera bien utile pour tenir son engagement. D’autant
plus qu’il dispose d’une pétition de 10 000 noms déposée à l’Assemblée nationale du Québec par
notre député Harold Lebel en 2015 pour justifier sa démarche. Il y a une réelle préoccupation du
public qu’il peut, en toute légitimité, porter à l’attention de la ministre.
Dans l’éventualité où la ministre s’obstinerait à ne pas respecter sa propre loi en permettant que
ledit projet aille de l’avant, notre nouveau maire pourrait entamer des poursuites judiciaires
contre le gouvernement fédéral pour qu’il fasse respecter le droit Canadien.
Si cela ne suffit pas, il pourrait aussi faire pression sur le ministre des transports fédéral pour
qu’il impose, conformément à Loi sur la sécurité ferroviaire, au transporteur CN le plafond
maximal en matière de police d’assurance responsabilité, à savoir un milliard de dollars, et qu’il
étende cette obligation à la compagnie Chaleur Terminals. Ce n’est pas aux contribuables, de
payer pour des compagnies qui négligent la sécurité civile. Les citoyens de Rimouski ne veulent
surtout pas payer le terrible prix, économique et humain, qui revient aujourd’hui et pour
longtemps aux citoyens de Lac Mégantic.
Notre futur maire pourrait aussi réclamer l’ouverture d’une enquête concernant la menace que fait
peser l’érosion des berges sur les infrastructures ferroviaires qui seront utilisées dans le cadre de
ce projet, ceci pour identifier les zones à risque et exiger qu’on y apporte les correctifs structurels
qui s’imposent. En fonction des dernières études de la firme Ouranos, cette mesure devrait lui
paraître nécessaire. De plus, cette démarche aurait l’avantage de donner une suite aux travaux
d’urgence menés par le Canadien National au lendemain de la tempête du 30 décembre dernier.
La poursuite du chantier de consolidation de l’enrochement parti à la dérive lors de cette tempête
s’impose, car elle est nécessaire à la sécurisation de la voie ferrée dans le secteur de l’Anse-au-
Sable à Rimouski.
Toujours par l’entremise du ministre des Transports, notre futur maire pourrait aussi forcer le
transporteur CN à utiliser, dans le cadre de ce projet, les nouveaux wagons TC-117. Il devrait
exiger que soit utilisée cette catégorie de wagons-citernes, car il s’agit d’un modèle de pointe,
construit conformément à des spécifications plus strictes, à partir des leçons tirées des nombreux
accidents importants, dont celui du Lac-Mégantic. Réclamer que ce modèle devienne la norme
dans le transport des hydrocarbures serait une revendication minimale et responsable, de la part
de notre représentant.
Enfin, il importe qu’il négocie farouchement une norme visant la répartition des risques en
diminuant la quantité de wagons qui composent les convois. Il doit avoir cette exigence, car la
longueur des convois risque de congestionner notre centre-ville, ce qui sera non seulement un
irritant quotidien pour tous les citoyens de notre ville, mais qui sera aussi dangereux, puisque les
services médicaux et d’incendie ne pourront plus répondre, pendant le passage des trains, aux
appels d’urgences qui les réclament de part et d’autre de la voie ferrée.
Le passage de deux convois de 120 wagons par jour comme ceux prévu dans le cadre du projet
chaleur Terminals, rend impossible les éventuelles interventions d’urgences pour la simple et
bonne raison que notre ville sera coupée en deux le temps de sa traversé.
En terminant, j’aimerais porter à l’attention de notre futur maire que si un simple citoyen lambda
comme moi est capable de penser à tous les moyens qui permettraient de faire avorter légalement
un projet industriel aussi dangereux pour notre communauté, un maire, avec les nouveaux
pouvoirs que la Loi 122 lui confère et avec le soutient des citoyens, des autochtones et des
différents groupes d’intérêts qui s’y opposent depuis déjà trois ans, peut s’allier avec d’autres
municipalités et lutter activement dans sa ville afin de mettre un terme à un projet dont personne
ne veut.
Cette liste de moyens à la disposition du futur maire rend aussi caduc l’argumentaire de
l’ancienne administration selon lequel la ville de Rimouski n’a aucun pouvoir dans ce dossier.
Historiquement et dans les faits, c’est tout le contraire. À l’instar de l’abandon du projet Énergie
Est qui a vu une opposition inconditionnelle de la part des maires du Québec, nous constatons
qu’avec un minimum de courage politique, nos élus municipaux ont finalement beaucoup de
pouvoir. Ils peuvent, lorsqu’ils le décident et s’organisent pour, faire avorter n’importe quel
projet industriel ou politique gouvernementale qui menace notre sécurité, notre prospérité
économique et l’avenir de nos enfants sur notre territoire. Nous attendons de notre futur maire
qu’il s’engage concrètement dans les luttes à venir et qu’il ne se laisse pas abattre par leur
apparente complexité. Nous espérons de lui qu’il défende en priorité nos intérêts et notre sécurité
en utilisant tous les recours qui sont en sa disposition. Nous comptons sur lui, nous attendons de
lui qu’il ne se laisse pas intimider, ou acheter, par des compagnies qui refusent avec obstination
d’aborder les problèmes concernant la protection de la société civile et de l’environnement.
Même si ces questions fragilisent le profit et mettent les activités de ces grands groupes
industriels en danger, le rôle et le devoir de nos élus est de protéger nos droits, nos intérêts et
notre sécurité.
Jérôme Motard, Bic

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média