26 novembre 2017

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En 1983, il y a 34 ans déjà, mes parents s’installent en région, mon père était très heureux d’avoir trouvé un emploi dans son domaine, pour ma mère, c’était le début d’un long et pénible processus d’intégration, migrer de Montréal à Rimouski fut beaucoup plus difficile que d’immigrer du Caire à Montréal.

Parmi les seules femmes immigrantes allophones en ville, ma mère a eu beaucoup de mal à y faire sa place. Ne parlant que l’arabe et l’anglais, il était très difficile pour elle de comprendre les autres et de se faire comprendre. Ayant un baccalauréat en design d’intérieur en main, elle pensait se trouver un travail rapidement, mais personne ne voulait lui donner sa chance d’abord puisqu’elle ne parlait pas le français, ensuite parce qu’elle était surqualifiée. Au départ, on n’en voulait même pas comme bénévole malgré sa motivation.

Elle était malheureuse, voulait quitter cette ville, voire ce pays qui ne voulait pas d’elle. Elle avait un choix à faire, quitter mon père et rentrer en Égypte ou essayer de s’intégrer et élever ses 3 enfants (elle a eu ma soeur en 1985) dans une culture et une langue qu’elle ne connaissait pas et des valeurs bien différentes des siennes.

Ma mère est donc rapidement devenue le pilier de mon père, elle l’a suivi dans tous ses projets, lui rappelait les dates, les noms, organisait les activités, recevait les invités (je ne peux vous dire à combien de reprises, mais certainement des centaines de fois) d’ailleurs, si vous faites partis des gens que nous avons côtoyer (autant amis des parents qu’amis des enfants), vous avez sans doute pu déguster ses excellents repas et apprécié son accueil sans précédent.

En plus de famille et amis, ma mère a reçu des étudiants internationaux à plusieurs reprises qui sont tous devenus des frères et sœurs pour nous. Elle a également reçu des groupes entiers de 10-15-20 personnes, oui oui, tous dans notre maison familiale. Et chaque fois, elle s’occupait de les nourrir, de les écouter, de leur faire découvrir la ville, de leur offrir un lieu où ils pouvaient se sentir chez soi.

Ma mère a aussi été l’inspiration derrière mon projet Passer’Elles qui l’a amenée à accompagner 20 femmes immigrantes, étudiantes ou réfugiées dans leur intégration à Rimouski. Son parcours d’intégration a inspiré ces femmes à prendre leur place à leur tour.

C’est pour toutes ces raisons que j’ai eu envie de lui rendre cet hommage à cette grande femme féministe qui a su, malgré tous les obstacles, devenir un modèle de force, de patience, d’accueil et de générosité tout en étant une artiste et organisatrice hors pair! Joyeux 60^e anniversaire maman. Nous sommes tous tellement fiers de toi et nous t’aimons très fort. Merci pour tous les sacrifices que tu as du faire pour nous assurer un meilleur avenir. Nous savons qu’être loin de sa famille est vraiment difficile. Nous t’en serons éternellement reconnaissant.

De tes enfants, petits-enfants et de papa aussi bien sûr! xxx