Encore et toujours la cathédrale! La situation demeure au point mort. Malgré la multitude d'interventions individuelles, comités, regroupement Conseil de Fabrique dont cinq marguilliers, dans une grande transparence et logeant à l'enseigne de la sauvegarde de la cathédrale, l'évêque est demeuré imperturbablement silencieux, cloîtré dans son évêché.

Coup de théâtre! Sans qu'aucune information n'ait suinté; à grand scoups de décrets,  le 19 courant,  l'évêque crée la nouvelle paroisse Bienheureuse Élizabeth-Turgeon sur les cendres de la paroisse mère Saint-Germain.

La dictature ou l'anti démocratie

Que fait la dictature? Elle ne consulte pas son peuple. Elle décrète, elle impose, elle muselle, elle rend inopérant.  Elle fait un usage abusif d'une loi désuète pour légitimer son action. Elle peut aussi se donner une allure vertueuse en saluant et bénissant dans le Seigneur (pauvre Lui).

Cinq marguilliers furent élus démocratiquement,  par des foules imposantes,  pour administrer la paroisse Saint-Germain dans le but clairement exprimé de sauver la cathédrale.  Comme les cinq églises dans la ville totalisent une fréquentation hebdomadaire d'environ mille cinq cents personnes, il allait de soi qu'ils envisagent sérieusement de fermer éventuellement, à l'instar de Sainte-Agnès,  Saint-Odile, Saint-Yves et Nazareth, les églises de Saint-Robert, Sacré-Cœur, Saint-Pie-X et possiblement Pointe-au-Père, dans le but de conserver la cathédrale, église mère.

Panique au logis

Or, la Curie Rimouskoise est embarrassée et risque de devenir inopérante face à son désir de se débarrasser de la cathédrale au bénéfice de l'église St-Pie X qui lui permettrait m'empocher 70%  du coût de rénovation via le Patrimoine religieux du Québec et pour reprendre le pouvoir menacé par un conseil de fabrique responsable et respectueux des paroissiens.

L'évêque va imposer la présence de l'économe aux assemblées de Fabrique, un genre de rapporteur officiel de tous les faits et gestes des marguilliers ( vieux procédé qui date de l'Inquisition). Il impose un président qui fut écarté à l'élection démocratique; il impose par décret un secrétaire non désiré. Il suffit d'éliminer le gênant Conseil de Fabrique, mais comment faire? La curie rimouskoise va cogiter longuement, dans le plus grand secret en consultant la hiérarchie possiblement à Québec, Ottawa et pourquoi pas à Rome; elle accouchera d'une solution miracle.

Eurêka!

L'évêque ne peut pas limoger cinq personnes honnêtes, intègres,  bénévoles dévouées, jouissant d'une notoriété exemplaire sans attirer sur lui la désapprobation. C'est simple, il fallait y penser, il fonde une nouvelle paroisse et réduit la paroisse Saint-Germain à la cathédrale, le presbytère et le stationnement, ce qui en fait la plus petite paroisse au monde, digne de figurer au Livre des Records Guinness.  Une paroisse sans paroissiens, sans ministre, sans revenus. Une paroisse dépossédée de ses biens (matériels, liturgiques, artistiques) au profit de la nouvelle paroisse. Une paroisse exsangue où ne subsiste que le Conseil de Fabrique.

Deux poids deux mesures

Désormais, pour être reconnu paroissien de Saint-Germain, les personnes intéressées devront, au terme du décret de l'évêque, signer un registre "....où ils inscriront leur décision d'être paroissien de Saint-Germain, d'y acquitter annuellement leur capitation et de soutenir financièrement,  à la mesure de leurs moyens, les travaux de rénovation de la cathédrale." Le signe de piastre semble plus important que le signe de croix.

Prêcher par l'exemple

Quand un bon père de famille attend un comportement désiré chez son enfant, il donne l'exemple. Que l'évêché puise dans les dizaines de millions de dollars qu'il a engrangés à la suite de la vente du séminaire et ses dépendances, de certaines églises et du surplus accumulé de plus d'un million de dollars lors de la restauration de l'évêché. Qu'on ne vienne pas nous allonger la sauce des fonds dédiés.  Il s'agit d'argent venant largement des générations qui doit revenir aux diocésains. Il est déplorable qu'aucun membre du clergé et des communautés religieuses ne se soit prononcé pour la sauvegarde. Est-ce la soumission qui les réduit au silence ?

Loi désuète

Il est à souhaiter que l'évêque accepte de travailler sérieusement, d'une façon transparente et généreuse avec le Regroupement diocésain pour la sauvegarde de la Cathédrale.  Il est également souhaité que les marguilliers démocratiquement élus de la paroisse Saint-Germain tirent leur révérence. Qu'ils ne s'inquiètent pas: l'évêque, avec tous ses pouvoirs, d'une façon condescendante et en Église, trouvera facilement preneurs pour exécuter fidèlement ses volontés.

La loi sur les Fabriques est désuète. Elle crée une personne morale dont les administrateurs n'ont aucun pouvoir, puisqu'en dernière analyse, c'est l'évêque qui prend les décisions sans appel n'en déplaise à qui que ce soit.

Toute action découlant de l'application d'une loi est réputée légale, mais l'emploi abusif de la loi devient immoral.

Gilles Le Chasseur

Rimouski, 25 avril 2018