16 août 2023

Véronique Bossé - vbosse@medialo.ca

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©Photo : gracieuseté

La mobilisation s’active autour de la préservation de ce milieu, qui est composé en partie de milieux humides.

Ce projet se situe entre la rue du Sieur et l’avenue des Violettes à Pointe-au-Père. L’objectif est d’y créer jusqu’à 800 unités d’habitations, sur ce territoire qui appartient à la Ville de Rimouski depuis 2010, afin de contrer la crise du logement qui sévit présentement.

La mobilisation s’active autour de la préservation de ce milieu, qui est composé en partie de milieux humides. C’est d’ailleurs ce que démontrent les deux études de caractérisation réalisées par la Ville en 2019 et en 2022, dont les rapports sont disponibles en ligne.

La séance d’information du 6 août comptait une présentation du directeur général de l'organisme de conservation Horizon-Nature Bas-Saint-Laurent et de l'Observatoire d'oiseaux de Rimouski, et chargé du cours de Conservation des ressources à l'UQAR, Mikaël Jaffré. Ce dernier a fait valoir les services écosystémiques qui sont rendus par les milieux humides. La régulation des niveaux d’eau, la filtration de l’eau, la qualité du paysage et la séquestration du carbone en sont quelques exemples.

« Il y a plusieurs services écosystémiques qui reviennent souvent lorsqu’on parle de milieux humides. Au Bas-Saint-Laurent, comparativement à beaucoup d’autres régions, nous avons encore plusieurs services écosystémiques qui sont encore très fonctionnels et qui apportent une valeur importante. C’est d’autant plus vrai au Bas-Saint-Laurent où le mandat est davantage de protéger l’existence des milieux et pas forcément de les restaurer. Il y a des régions au Québec et ailleurs où l’essentiel du travail de conservation est de restaurer, parce qu’il y a beaucoup de choses qui n’existent juste plus et qui sont pourtant essentielles au bon vivre des populations. »

Il ajoute que d’un point de vue économique, il serait aussi plus avantageux de laisser les milieux humides rendre ces services écosystémiques.

« Protéger un milieu humide, par exemple pour les services écosystémiques qu’il apporte, c’est cinq fois moins cher que de réaliser nous-même ces services. »

Une mesure de lutte à la crise du logement

La coordonnatrice du Comité logement du Bas-Saint-Laurent, Cassandre Vassart-Courteau, soulève aussi des inquiétudes face au projet qui concerne Pointe-au-Père. 

« Nous n’avons pas de garanties comme quoi ce seront des logements locatifs, encore moins des logements à loyers abordables ou des logements sociaux, vu l’état du financement actuel. On ne sait pas non plus qui sont les parties impliquées. En ce moment, il n’y a pas vraiment de gens qui ont l’air de vouloir construire et on entend beaucoup parler des coûts de construction et des limitations qu’ils engendrent. Enfin, si ce sont des logements locatifs, on ne sait pas non plus qui en seront les propriétaires. Il y a donc des risques que ce soient des propriétaires qui ont déjà accumulé des dossiers pour négligence. »

Elle ajoute qu’il est important que les locataires puissent vivre en proximité avec les différents services dont ils ont besoin et que la Ville devrait miser sur la densification du centre-ville, tout en ne se limitant pas aux taux d’inoccupation.

« Il y a des bâtiments privés qui sont délaissés en ce moment. Il y a des stationnements inutilisés et des terrains à décontaminer. On pense que la Ville pourrait mettre plus d’efforts là-dedans. Est-ce que le développement peut régler la crise? On a peu d’espoirs, parce que construire des maisons ne va pas nécessairement libérer des appartements. Et si ça libère des appartements, ça sera des appartements qui ne sont pas dans des conditions nécessairement enviables. »