10 octobre 2023

Véronique Bossé - vbosse@medialo.ca

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©Photo : gracieuseté – crédit : Pierre Pouliot

Le caribou forestier.

L’étude, menée par une équipe de recherche qui inclut la chercheuse spécialisée sur le caribou au ministère de la Faune, Sabrina Plante et le spécialiste des changements climatiques, Philippe Gachon, démontre que les changements du climat jouent un rôle dans le recul des caribous vers le Nord, mais que ce rôle n’est pas prédominant.

En sachant que la limite sud de l’aire de répartition du caribou se rétracte graduellement vers le nord depuis 1850 et que les latitudes actuelles du caribou forestier se trouvent entre le 49e et le 53e parallèle nord, l’équipe a d’abord délimité la niche climatique actuelle du caribou. C’est-à-dire, les variables climatiques qui sont importantes pour cette espèce, afin de délimiter son aire actuelle, pour ensuite retracer dans le temps où se retrouvait ces mêmes conditions climatiques, cette niche climatique, dans le passé.

« S’il y a une disparité ou un décalage entre les régions où on retrouvait ces conditions climatiques par rapport aux endroits où se retrouvaient les caribous à la même époque, c’est qu’il y a autre chose que le climat qui a influencé le mouvement des caribous vers le nord au cours des dernières décennies. Par exemple, si l’enveloppe climatique du caribou, telle qu’on la définit actuellement, dit que les conditions climatiques d’aujourd’hui se retrouvaient 100 kilomètres plus au sud en 1900, mais que l’aire de répartition du caribou était 500 kilomètres plus au sud, c’est nécessairement qu’il y a autre chose que le climat qui a influencé cette disparité entre les conditions climatiques et le retrait de l’aire du caribou », explique Yan Boulanger.

Les résultats

Pour obtenir un résultat, l’équipe s’est servie de trois jeux de données de réanalyses climatiques pour remonter dans le temps, puisque les réanalyses climatiques vont combiner des observations historiques avec des modèles, pour créer des séries chronologiques cohérentes, selon différentes variables climatiques.

« Les cartes qui résultent de ces modèles représentent les conditions climatiques qui sont adaptées et qui conviennent aux caribous. Ce qui est intéressant, c’est qu’au fur et à mesure du temps et peu importe le jeu de données qu’on sélectionne, la zone décrite par les cartes reste plus ou moins au même endroit, en termes de position à latitude, soit qu’elle ne bouge ni vers le nord, ni vers le sud entre 1850 et 2010 », résume Chloé Morineau, qui a complété sa maitrise dans le cadre de cette recherche.

Une bonne et une mauvaise nouvelle

Finalement, l’étude démontre que les changements climatiques expliqueraient à environ 17 % du recul de l’aire de répartition du caribou vers le nord.

C’est en partie une bonne nouvelle, parce que la zone au sud de la répartition actuelle du caribou pourrait lui convenir.

« Il existe des conditions climatiques, là où se trouve le caribou aujourd’hui et au sud de là où il se trouve aujourd’hui, qui lui sont favorables, si on regarde ce que le caribou rencontrait par le passé. Donc, des efforts de restauration d’habitat du caribou au sud de l’aire de répartition actuelle ont le potentiel d’offrir des habitats de qualité à des caribous », relate pour sa part Martin-Hugues Saint-Laurent.

Cependant, il ajoute que comme le climat change et qu’il va continuer de changer, il y a lieu de se questionner pour savoir à quelle vitesse il changera et quels seront ses impacts futurs sur l’aire de répartition du caribou. Mais encore, il explique : « ces changements, d’ici quelques décennies, seront tout de même moins importants que l’altération de l’habitat par la coupe forestière. Si on réduit la coupe forestière, on a une chance de conserver les habitats des caribous dans le futur. »

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