Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Actualités

Retour

11 mars 2024

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

Urgence d’agir pour le dépôt du plan de protection du caribou

Démarche en cours visant la fermeture de plusieurs kilomètres de chemins forestiers.

©Photo : gracieuseté Jean-Christophe Lemay - Le Laurentien

Le plan de protection du caribou est vivement attendu par la Haute-Gaspésie.

La Haute-Gaspésie s’impatiente devant les tergiversations du gouvernement qui est toujours incapable de fixer un échéancier clair pour le dépôt du plan de protection du caribou.

Cet enjeu majeur pour la Haute-Gaspésie a pour effet de refroidir les ardeurs de nombreux acteurs du secteur récréotouristique que tente de développer la région. Le préfet, Guy Bernatchez, parle du supplice de la goutte. « Le dépôt de la stratégie qu’on attend depuis cinq ans n’arrive toujours pas. Bien que je comprenne que le ministre tente de satisfaire tout le monde, il faudra se faire à l’idée qu’il y aura toujours des mécontents. Malgré tout, il faudra que cette stratégie soit déposée plus tôt que tard. Il y a urgence d’agir pour notre secteur. »

Le préfet répète que le secteur récréotouristique, par ses nombreuses entreprises spécialisées en la matière, a une forte expertise. « En ce moment, tout ça est à risque si le gouvernement continue de remettre le dépôt de la stratégie à plus tard. Et on parle encore plus fort aujourd’hui parce que l’hiver médiocre qu’on vient de vivre confirme qu’on se doit d’avoir des outils pour manœuvrer dans le récréotourisme. Avec le peu de neige que nous avons eu, un plus grand accès aux sommets aurait été plus que salutaire. »

Guy Bernatchez est toujours d’avis qu’une cohabitation est possible. Il va plus loin en disant qu’autant le secteur économique, le récréotourisme, le milieu forestier se concertent et croient également qu’il y a de solutions pour protéger le caribou emblématique tout en ayant un terrain de jeu pour tous dans l’arrière-pays haut-gaspésien. « En plus d’apaiser le fédéral qui fait pression pour accoucher de solutions, l’éventuelle stratégie pourrait servir de modèle pour les autres régions comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean ou l’Abitibi. Et des solutions, il en existe. »

Une de ces solutions est la gestion dynamique. « Actuellement, la majorité des caribous ont un collier autour de cou, ce qui fait qu’on peut facilement les repérer par télémétrie. Quant à ceux qui n’en ont pas, il y a quand même des drones qui peuvent être utilisés pour les localiser. Nous sommes aussi fort conscients qu’on doit s’acclimater, ce qui veut dire qu’on se déplace en fonction de leurs déplacements. Nous avons simplement à aller là où ils ne sont pas », ajoute Guy Bernatchez.

Ce dernier comprend que le ministre Benoit Charette a une patate chaude entre les mains. Toutefois, le préfet croit qu’il y a lieu de déployer une stratégie adaptée à chaque région au lieu d’opter pour le mur-à-mur, ce qui démontrerait que chaque groupe qui s’exprime sur cet enjeu a été écouté. « Par contre, on n’a plus le luxe d’attendre. Il faut agir rapidement », indique le préfet.

Silence au gouvernement… ou presque

Du côté du gouvernement provincial, outre la sortie du ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette qui affirmait récemment ne pas avoir d’échéancier à offrir, la ministre responsable de la Gaspésie, Maïté Blanchette Vézina a refusé notre demande d’entrevue. L’attachée de la ministre a indiqué par message texte qu’aucune entrevue ne serait accordée avant le dépôt de la stratégie.

Quant au député de Gaspé, Stéphane Ste-Croix, il a bien voulu émettre un commentaire sur le sujet. « Le développement du récréotourisme est une priorité à la fois pour la MRC de la Haute-Gaspésie et du gouvernement du Québec. C'est une avenue plus qu'intéressante pour répondre aux enjeux de vitalité économique que connait présentement la région. On entend les préoccupations sur le terrain et on souhaite tous le développement des activités récréotouristiques en Haute-Gaspésie. C'est pourquoi on travaille à déposer une Stratégie qui visera le juste équilibre entre une protection efficace de la Faune et le maintien du dynamisme économique de nos régions.»

Le député caquiste d’Orford, Gilles Bélanger, a aussi accepté de s’exprimer sur le sujet. Ce dernier affirme être un amoureux du territoire de la Haute-Gaspésie et vient y vient régulièrement en vacances. Il comprend les enjeux de la MRC. « Le récréotourisme est un enjeu majeur pour la Haute-Gaspésie alors que dans d’autres régions, il y a beaucoup d’enjeux liés à la foresterie. En ce sens, je crois que les problématiques et les solutions ne sont pas les mêmes d’une région à l’autre. »

Gilles Bélanger est d’avis que la Haute-Gaspésie que la redynamisation et la revitalisation du territoire passe beaucoup par de jeunes entreprises en récréotourisme qui ont choisi de s’établir dans la région. « On voit plusieurs personnes se déplacer en Haute-Gaspésie pour y pratiquer des activités qui ont un faible impact sur le plan environnemental. J’exclus ici le récréotourisme comme la motoneige qui, de toute façon, a déjà ses sentiers. Ce que je dis, c’est que l’industrie récréotouristique vient, en quelque sorte, à la rescousse de l’économie locale qui souffre du déclin de la pêche et des enjeux forestiers. »

Gilles Bélanger ne veut surtout pas dicter à son collègue du chemin à prendre. « Ce sera ultimement sa décision et je ne veux pas m’ingérer dans le processus. Ce que je dis est uniquement mon point de vue personnel. Je n’aimerais pas que l’espoir qui a été créé en Haute-Gaspésie avec l’industrie récréotouristique disparaisse. Ce sont les lieux d’hébergement, les restaurants qui se vident avec les restrictions de territoire, surtout après un hiver comme on vient de vivre. »

Le député d’Orford donne l’exemple du fjord du Saguenay et de ses bélugas. « Lorsque les gens naviguent en kayak et voient des bélugas, la procédure devrait être simplement de ne pas s’en approcher. La même chose devrait s’appliquer avec le caribou. Il y a déjà des couloirs dans les montagnes gaspésiennes pour la randonnée alpine qui existent déjà et je ne pense pas qu’on en ajouterait beaucoup plus. Si on restreint davantage, tout le territoire haut-gaspésien récemment découvert par les touristes serait abandonné au profit du nord du Québec avec les conséquences économiques qu’on s’imagine. »

Le député d’Orford conclut en disant qu’on devrait davantage favoriser l’accès au territoire de la Haute-Gaspésie qui a cette chance d’être vaste, et donc, malléable. « C’est aussi la meilleure prescription pour une bonne santé physique et mentale. »

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média