« Quand on a commencé à tourner, j'ai vite senti que ça allait plaire. Le casting était bon. Tous les personnages autour de moi étaient bons. L'histoire, l'intrigue qui tournait autour de la disparition d'enfants, j'avais une assez bonne impression que ça allait accrocher le téléspectateur, et ça s'est avéré » souligne Marie-Thérèse Fortin lors d'un entretien téléphonique.

La comédienne originaire de Saint-Octave-de-Métis a adoré jouer ce personnage de femme forte et aimante que les téléspectateurs ont rapidement adopté. «Elle faisait du bien aux gens. Il y a quelque chose qui s'apaisait en eux lorsque Claire arrivait dans le portrait. Elle donnait beaucoup d'espoir dans une forme d'humanité que les gens ont envie de rencontrer dans leur vie » souligne la comédienne à propos de son personnage.  « C'est une médecin comme on aimerait tous avoir, une mère et une amie qu'on aimerait tous avoir aussi » ajoute Marie-Thérèse Fortin.

Un personnage arrivé dans la vie de la comédienne à point nommé. « C'est arrivé au moment où je quittais la direction des théâtres, ce que j'avais fait pendant 15 ans. Je connaissais le travail de Chantal (Cadieux, l'auteure) parce que j'avais déjà vu d'autres séries que je trouvais bien faites. En lisant le synopsis, je m'entendais, je savais que c'était pour moi, que c'était quelque chose que je pouvais faire. Au départ, Radio-Canada s'est engagé pour trois ans, on s'est rendu au bout de cinq ans » souligne fièrement l'actrice.

La finale a ravi les fidèles de l'émission avec le mariage de Claire et du beau Christian, joué par Frédérick De Grandpré. « Même à Montréal, sur la rue, les gens m'arrêtaient pour me dire : '' le Français, y est ben fin mais c'est Christian qu'on préfère ''. Les gens aimaient tellement ce couple-là. Chez les femmes, le fait qu'il soit plus jeune que moi et si beau, ça faisait rêver. Pour les jeunes, Christian en avait assez traversé, il méritait un break, son break c'était Claire ! »

La comédienne n'est pas surprise de l'attachement des Québécois pour ses personnages télévisuels. « On entre dans leur maison toutes les semaines. Ils nous voient changer, vieillir, et on leur raconte des histoires qui les rejoignent dans leur quotidien, comme l'administration de l'aide à mourir dans l'avant- dernier épisode. J'ai eu des retours incroyables là-dessus. Claire était une radio-oncologue, elle traitait des cancers, et il y a tellement de gens qui sont prises avec cette maladie.  À cause des problématiques qu'on abordait dans le téléroman, les gens s'identifiaient à ce que vivaient les personnages » relève-t-elle.

La dernière émission a été diffusée hier soir mais la dernière scène de l'émission a été tournée le 28 juillet dernier. « Ce fut plusieurs journées intensives dont le mariage où on est entré en studio à 4 heures du matin et on a fini à presque 20 h. J'essayais de me préserver car si j'entrais trop dans l'émotion de cela, j'aurais été incapable de tourner les scènes. Dans l'émission, les personnages ne savaient pas que c'est fini ! rigole-t-elle. « Tout le monde était là. À mesure qu'on finissait une scène, c'était la dernière. Celle avec Albert Millaire par exemple, c'était très bouleversant. Il était tellement content de faire partie de l'équipe, il nous a dit après le tournage : je ne sais pas si je vais rejouer. C'était très bouleversant. On développe des liens entre nous. Quitter les enfants qui ont grandi. Mes deux '' filles '' ont été enceintes pour vrai durant le tournage. Tout ça c'est beaucoup d'émotions mais en même temps, dit-elle, c'est la vie qui reprend ses droits sur la fiction. »

Critiques élogieuses

Les critiques ont toujours été dithyrambiques à l'égard du travail de la comédienne et sa façon d'incarner le personnage de Claire n'a pas échappé au flot d'éloges tant critiques que populaires. N'est-ce pas une pression supplémentaire lorsque vient le temps d'endosser un nouveau rôle ? « Quand les gens nous ont beaucoup aimé, tu ne veux pas les décevoir, tu ne veux pas être en-deça de leurs attentes. En même temps, il faut jusqu'à un certain point se libérer de cet amour-là pour se dépasser. Parce qu'on peut s'installer dans un petit confort, dans le répétitif et refaire un personnage qu'on sait que les gens aiment. C'est un métier où il faut savoir prendre des risques, amener les gens ailleurs, les surprendre, sinon on serait condamnés à jouer toujours le même personnage » dit-elle.

Il y aussi le danger que les auteurs et les producteurs vous cantonnent dans le même type de personnage. « C'est pour ça que c'est important de provoquer une proposition qui oblige les gens à nous regarder autrement. Dans Boomerang (comédie diffusée sur les ondes de TVA), ça été le cas. On me voyait dans des rôles plus dramatiques et j'ai demandé d'auditionner. S'ils ne m'ont peu ou pas beaucoup vue dans le registre comique, il faut que j'aille leur montrer ce dont je suis capable » souligne la comédienne. «  C'est une question de chimie aussi avec les autres acteurs. J'ai voulu faire ce rôle-là parce qu'il était tellement différent de Claire » poursuit Marie-Thérèse Fortin, qui reprendra le rôle de l'inénarrable Monique le printemps prochain, pour une quatrième année.

Entre-temps, Marie-Thérèse a chanté Barbara dans un spectacle-bénéfice. Elle le fera de nouveau le printemps prochain, et surtout elle planche fort ces temps-ci sur un spectacle solo consacré à Gabrielle Roy. À compter de février, elle prendra les traits de l'écrivaine originaire du Manitoba sur la scène du Théâtre du Nouveau Monde, dans un spectacle qu'elle prépare depuis longtemps. « J'apprends des textes tous les jours, tous les jours. Je mène une vie de moine » résume la belle comédienne.