Ex-militaire coupable de voies de fait avec lésions à Rimouski

©Photo TC Media - Alexandre D'Astous

Ayant plaidé coupable à une accusation de voies de fait avec lésions lors d’une altercation survenue le 14 août 2013 lors d’une altercation au Cabaret l’Eden, l’ex-militaire Donald Paquin, 49 ans, de Saint-Calixte, dans la région de Lanaudière, a témoigné le 3 février au palais de justice de Rimouski au stade des représentations sur sentence.

Le procureur de la Couronne, Me Luc Cyr, qualifie l’attaque sur un homme de 70 ans d’agression sauvage, gratuite et odieuse et il réclame une peine de neuf mois de prison ferme. En Défense, Me Caroline Bérubé, admets qu’il s’agit d’un crime objectivement et subjectivement grave, mais elle plaide qu’il y a une situation particulière et que la peine doit être individualisée. « Un parle d’un homme sans antécédent de violence qui a pris la responsabilité de ses gestes en plaidant coupable, même s’il a de la difficulté à accepter qu’il ait pu faire ça. C’est un geste grave et inacceptable venant d’un homme qui n’avait jamais été violent avec autrui. Le stress post-traumatique doit être pris en compte comme facteur atténuant diminuant sa responsabilité criminelle. On vous demande d’aller au bas de la fourchette des peines possibles pour une accusation de voies de fait avec lésion, soit une probation de trois ans et l’exécution de 240 heures de travaux communautaires. La détention aurait des conséquences dévastatrices pour mon client qui est agoraphobe et claustrophobe».

« Je ne partage pas la position de la Défense. Il y a un besoin de dénonciation et de dissuasion. Les blessures infligées et les circonstances de l’agression imposent une peine de prison», plaide Me Cyr.

Aucun souvenir

Donald Paquin dit n’avoir aucun souvenir des événements qui ont envoyé la victime à l’hôpital. « Je ne me souviens de rien. Ce n’est pas moi ça. On m’a sûrement drogué au GHB. J’ai pris deux bières et deux shooters. C’est impossible que j’ai perdu le contrôle de moi-même comme ça», mentionne celui qui dit s’être réveillé en cellule. « Je ne sais pas ce qui s’est passé. Je regrette».

Vétéran de l’armée

:Donald Paquin s’est engagé au sein des Forces armées canadiennes comme membre de l’infanterie du Royal 22^e Régiment, à 17 ans. Il a notamment servi à l’Île de Chypre, en Allemagne, au Koweit pendant la Guerre du Golfe, en Croatie et en Bosnie. « Dans ce temps-là, il n’y avait pas de psychologue. On fonctionnait à coup de pied dans le cul. En Bosnie, ça a très mal été. Je me suis retrouvé avec un gun sur le bord de la tête. J’ai négocié et ils nous ont finalement laissé partir. À mon retour, tout le monde était l’ennemi. Je ne pouvais plus faire confiance à personne. Je suis allé aux États-Unis pour commencer une nouvelle vie, en 1996. En 2010, je suis revenu au Québec. J’ai fondé mon entreprise de clôture. J’avais de la misère à garder mes employés parce que je criais trop après eux. Je ne pouvais pas envisager devoir répéter des instructions. Dans l’Armée, tu dois comprendre du premier coup», raconte-t-il.

En 2010, M. Paquin apprend qu’il existe des programmes d’aide pour les vétérans de l’armée. On lui diagnostic un choc post-traumatique à 95 % ainsi que des blessures à l’épaule, au dos et au genou. En 2013, on lui annonce qu’il ne pourra plus travailler. « Je vis de l’anxiété et de l’angoisse. J’ai de la difficulté à me contrôler quand il y a trop de monde. Je ne suis pas capable d’être dans une grande foule ou de me sentir enfermé».

La victime a subi un traumatisme craniocérébral. L’homme est décédé depuis, mais son décès ne serait pas en lien avec l’événement. Le frère de la victime a assisté à toutes les étapes du processus judiciaire.

La juge St-Pierre imposera la peine le 31 mars. Le crime est passible d’une peine maximale de 10 ans de prison.